Il y a quelque chose de bien avec Jean-Paul Huchon : c'est que contrairement à bien d'autres politiciens, il ne cache pas son jeu et ses intentions.
Le président PS du Conseil régional d'Ile-de-France, qui devrait être réélu sans problème à la tête de sa région en mars prochain (Socialisme&Souveraineté ne manquera pas de vous divulguer sa position officielle et ses consignes pour ces élections régionales), fait part de sa réflexion, de ses idées et de ses objectifs dans son dernier livre, "De battre ma gauche s'est arrêtée".
Voici quelques citations de son bouquin (rassurez-vous, ce n'est pas moi qui l'ai lu, c'est tiré d'un tract du PRCF) avec nos (mes) commentaires.
"Au sein du Conseil régional d'Ile-de-France, par exemple, j'ai fait voter par les socialistes, l'UMP, l'UDF et le FN une aide à l'enseignement privé dans les lycées. Les chevènementistes ont voté contre mais les communistes et les Verts se sont, eux, abstenus, ce qui, en soi, est déjà un progrès !"
Commentaire : Aide à l'enseignement privé, on est loin du Parti Socialiste d'antan et du projet de loi Savary de 1984 qui voulait supprimer l'enseignement privé. Ce projet de loi avait été à l'époque annulé suite à d'importantes manifestations de bourgeois à Versailles, parmi lesquels Jean-Marie Le Pen (comme quoi, il n'a pas toujours été contre les manifs)......Ca devait être marrant de voir les bourges manifester pour ne pas avoir à retirer leurs gosses des écoles privées et pour ne pas qu'ils aient à fréquenter de pouilleux enfants de prolos.
Aujourd'hui, Huchon se vante d'aider l'enseignement privé en votant aux cotés de l'UMP, de l'UDF et du FN (bizarre que ce parti "anti-système" que serait le FN vote les projets de Huchon, remarque tant que ça va dans le sens de la casse de l'école publique et laique, le FN ne peut qu'approuver).
Les chevènementistes, eux, ont voté contre. C'est vraiment des durs et des rebelles !
"Tout débat sur la renationalisation est de nature à nous renvoyer 25 ans en arrière, donc je n'y suis pas favorable. On peut encadrer très strictement une entreprise concessionnaire sans la nationaliser. C'est ce qu'il faudrait faire si on privatisait complètement EDF. Au fond, la question, désormais, est ailleurs. Les problèmes de taille d'entreprises, d'investissement et de rapprochement qui s'imposent du fait de la mondialisation rendent le débat sur les nationalisations caduc".
Commentaire : Comme Huchon, je ne crois pas nécessairement aux nationalisations comme elles ont été faites hier, par exemple en 1981-1982 par le gouvernement Mauroy (qui nationalisa 5 groupes industriels, 2 compagnies financières et 36 banques), et ceci même si les nombreuses études empiriques sur les performances comparées des entreprises privées et publiques ne parviennent pas à conclure de manière irrévocable que la propriété publique du capital engendre une moindre performance que la propriété privée du capital.
Je ne pense pas que la marche au socialisme passera par des vagues de nationalisations (ça n'a jamais marché) suivant les mêmes modalités que par le passé. Mais à la différence du social-traitre (pour ne pas dire social-fasciste rose-brun, nous verrons pourquoi plus loin) et renégat Jean-Paul Huchon, ça ne veut pas dire que nous pronons la soumission au capitalisme comme horizon indépassable et que nous abandonnons l'objectif du socialisme.
Ca veut simplement dire que si elle veut avoir une chance de triompher du capitalisme, la marche au socialisme devra se faire selon des modalités nouvelles jamais explorées jusqu'à aujourd'hui, et pas par des vagues de nationalisations qui ont toujours été suivies par des vagues de reflux c'est à dire de privatisations (se reporter à la rubrique "Sortir du capitalisme" pour plus de précisions).
"Mais, globalement, si une collectivité devait disparaitre, à long terme ce serait le département? Non parce qu'il gère la proximité mais parce qu'il est devenu le refuge du jacobinisme. C'est là que s'installent les services de l'Etat pour se développer"
Commentaire : Huchon veut traquer les jacobins jusque dans leurs chiottes.
"Je vous livre le fond de ma pansée : je me sens plus européen que français. Il m'est très facile d'imaginer une cosmogonie institutionnelle dans laquelle il y aurait l'Europe, directement branchée sur les régions, et les régions sur des communes regroupées par l'intercommunalité. C'est la logique à venir de la chaine du pouvoir. Je n'ai pas d'attachement national. Je me sens plus à l'aise dans certains pays qui sont moins violents, moins durs, moins discutailleurs. J'ai une sympathie naturelle pour les Anglo-Saxons, les Scandinaves : ce sont des gens qui font la queue, qui ne vous klaxonnent pas quand vous êtes perdus, il y a une discipline. Cette civilisation n'existe malheureusement pas en France ! Autrement dit, je n'aurais aucune difficulté à vivre dans une Patrie qui serait l'Europe, avec une patrie secondaire qui serait la région dans laquelle je vis, à condition qu'elle ait un dessein culturel suffisamment compréhensible et partagé. La Nation ? Je ne crois pas à son avenir parce que je n'ai jamais cru à cette histoire d'identité nationale. Je ne m'accroche pas à ces idées-là !"
Commentaire : Nous n'avons rien contre les Anglo-Saxons ou surtout les Scandinaves mais il est curieux que Huchon cite précisément ces deux "peuples".
En effet, ce sont les mêmes que le théoricien raciste français Joseph Arthur de Gobineau cite pour expliquer qu'Anglo-Saxons et Scandinaves sont le dernier refuge de la race aryenne. Gobineau n'intégrait d'ailleurs pas les Allemands dans sa définition de la race aryenne, car il considérait qu'ils avaient été "batardisés" par du sang slave. Hitler, qui a lu Gobineau en long, en large et en travers, ne devait pas l'ignorer, et il ne faut dès lors pas s'étonner qu'il vouait une admiration sans bornes pour l'Angleterre. Il a rêvé jusqu'au bout d'une alliance avec elle, il souhaitait que l'Allemagne et l'Angleterre se partagent la domination du monde : le continent pour l'Allemagne, puissance terrestre, et les mers pour l'Angleterre, puissance maritime.
Sans l'accuser d'être un adepte des thèses de Gobineau (bien qu'il prenne les deux mêmes peuples pour référence, ce qui est troublant.....), on peut noter que la généralisation à laquelle se livre Huchon (Anglo-saxons et Scandinaves disciplinés, Français qui klaxonnent et doublent à la queue des magasins) est grotesque et dangereuse, ça ne rappelle pas que des bons souvenirs (je dirai même que ça nous ramène à des heures sombres).
Du reste, je tiens à signaler qu'on ne m'a jamais doublé à la queue d'un magasin, alors que je réside en France, et qu'on ne me klaxonne jamais en voiture (m'étonnerait pas que Huchon soit empoté au volant, le genre de boulet qui s'arrête à tous les rond-points alors qu'il a largement le temps de passer, auquel cas il mérite largement ses coups de klaxon.....de toute façon il a une tête d'empoté).
Huchon doit confondre la France avec sa région cosmopolite d'Ile-de-France, il est vrai très indisciplinée et très violente.
Il ne s'accroche pas aux idées d'identité nationale française, il déteste la France au point de souhaiter sa disparition pure et simple (ce qui a le mérite de la clarté). Mais par contre, il a les mêmes références que Gobineau, il veut construire une Gross Europa (comme les nazis) et, n'étant pas à une contradiction près, oublie que l'identité nationale est souvent très forte (plus qu'en France, hélas) dans les pays scandinaves et même en Angleterre (c'est dans ces pays qu'on trouve la plus forte proportion d'"eurosceptiques", ce qui est une meilleure raison pour les admirer que des considérations sur la discipline ou que sais-je encore).
Malgré tout cela, ces veaux de Français vont le réélire largement. A croire qu'ils ne rêvent que d'aller à l'abattoir et de voir leur pays disparaitre, du moment qu'ils peuvent continuer à lire Voici et Gala ou à regarder le Juste Prix présenté par Vincent Lagaf.