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28 août 2011 7 28 /08 /août /2011 23:22

     Il y a une semaine, commençait la "bataille de Tripoli". Petit tour des faits et rumeurs qui ont circulé depuis. Les sources : confrontation entre les médias des pays de l'OTAN (BBC, Skynews, AFP, Reuters), du Qatar (Al Jazeera), des pays non-intervenants (Ria Novosti, Xinhua, Romandie.ch...) et de médias et pays solidaires du gouvernement libyen ou du moins très hostiles à l'OTAN (Réseau Voltaire, Telesur, Michel Collon, différents blogueurs tels qu'Alain Benajam ou Allain Jules, récemment congédié du Nouvel Observateur).

 

Où en était le front avant le 21 Août ?

 

     Selon le "Conseil National de Transition", siégeant à Benghazi : en dehors de toute la Cyrénaïque, avec le port pétrolier de Brega dont la raffinerie serait tombée entre les mains des rebelles le 20 Août après des semaines de combat, les rebelles contrôlaient en Tripolitaine les villes de Misrata, Gharyane, Zaouwiya, Zliten, Sorman, Sabratha, de Zenten et des autres villes du Djebel Nefoussa, au Sud-Ouest de Tripoli, bastion berbère de la rébellion depuis Février dernier.

 

     Selon le gouvernement libyen, et des journalistes comme Thierry Meyssan, les prises rebelles ne seraient que des simulacres, l'OTAN faisant fuir temporairement l'armée libyenne, les rebelles venant prendre des photos et vidéos à ce moment, avant de déguerpir avant le retour des forces loyalistes. Selon Meyssan, avant le 21 Août, les villes de Zawouiya et Gharyane auraient été reprises, ainsi que la grande majorité de Misrata.

 

Le front au début du mois d'Août, en Libye et en Tripolitaine (Nord-Ouest)

 

http://imageshack.us/photo/my-images/217/avant20082011libyanfron.png/

 

http://imageshack.us/photo/my-images/62/avant20082011tripolitan.png/

 

Les rebelles sont-ils entrés dans Tripoli?

 

     Personne ne le nie, la question semble plutôt être : avec quel succès? Selon les rebelles, et des chaines comme Al Jazeera (Qatar) ou SkyNews (Royaume-Uni), les rebelles seraient rapidement arrivés, en l'espace de quelques heures, jusqu'au centre de la capitale, rencontrant très peu de résistance de l'armée régulière, et une foule enthousiaste les aurait célébrés sur la Place Verte (lieu de parade habituelle des kadhafistes). Al Jazeera a tourné des scènes sur ladite place... qui se sont révélées être des faux. Des internautes ont vite remarqué l'absence de détails architecturaux notables de la place sur les images de la chaine qatarie, qui était déjà soupçonnée par le régime de Tripoli de construire des décors tripolitains pour y tourner de fausses scènes. On peut aussi s'étonner de l'abondance des drapeaux rouge-noir-vert (emblème de la rébellion, reprise du drapeau de la monarchie des Sénoussi, renversée par Kadhafi en 1969) parmi la population de la ville...à moins que les rebelles n'aient pris le temps de faire une distribution générale de drapeaux en prenant la ville. Moustapha Abdul Jallil, président du CNT, aurait admis cette supercherie scénique, la justifiant comme arme de guerre psychologique qui aurait été bénéfique tant militairement que diplomatiquement, de nouveaux pays ayant reconnu le CNT comme seul gouvernement légitime de Libye.

 

     Parallèlement à cela, deux fils de Mouammar Kadhafi, Mohammed et Saïf-al-Islam, ont été donnés pour capturés dans la journée du Dimanche 21 Août, avant que les informations ne soient démenties : Mohammed se serait enfui après quelques heures de captivité, et Saïf-al-Islam est apparu triomphant devant plusieurs dizaines de supporters dans le bastion de Bab El Azizya (le bunker à grande échelle de Kadhafi) dans la soirée. Ces informations, plus celles concernant Al Jazeera, démasquées dans les jours suivants, ont donc jeté un fort scepticisme sur l'avancée de la rébellion dans la ville.

 

     Selon le CNT, 80% de la capitale serait passé entre leurs mains en quelques heures, ne laissant que le quartier fortifié de Bab El Azizya  et le quartier d'Abou Slim au Sud, ainsi que l'hôtel Rixos où plusieurs dizaines de journalistes étrangers auraient été réunis, dont Thierry Meyssan. Le gouvernement libyen répliqua bientôt que la majorité de la ville restait sous son contrôle, et qu'une contre-attaque massive unissant l'armée et "le peuple de Tripoli" mettait en déroute les rebelles. En même temps, sur appel du Raïs, des colonnes de "volontaires" seraient parties de Bani Walid, Syrte et Sebha (les trois derniers grands bastions kadhafistes de Libye, si l'on en croit la carte du front selon les rebelles), pour défendre la capitale. Leur effectif a été annoncé à plusieurs dizaines de milliers dimanche soir sur des sites pro-Kadhafi, avant de revenir à quelques milliers au cours de la semaine...Dont on se demande comment ils vont parvenir à franchir les centaines de kilomètres séparant Sebha et Syrte (villes elles-mêmes ciblées par l'OTAN et le CNT depuis) de Tripoli sans tomber sous le feu des avions de l'OTAN. Mais, toujours selon le gouvernement libyen, 6500 "volontaires" auraient rapidement rejoint les forces loyalistes pour "nettoyer la capitale"...

 

     Si l'on prend d'autres sources, par exemple celles de pays non impliqués dans le conflit, voire hostiles à l'intervention de l'OTAN (comme la Chine et son agence Xinhua, ou la Russie de Ria Novosti), on ne trouve pas de démenti catégorique des avancées rebelles dans la capitale libyenne.

 

    De plus, on peut comparer les informations transmises par Alain Benajam, militant gaulliste français en contact avec Thierry Meyssan à Tripoli, qui annonçait sur Facebook en début de semaine que l'armée régulière était victorieuse dans Tripoli, et que le journaliste du Réseau Voltaire allait très bien...avant que tout le Réseau ne s'inquiète de la survie de celui-ci et s'impatiente de son évacuation prochaine au cours des jours qui ont suivi...

 

Que font les rebelles, militairement parlant ?

 

     Il est unanimement reconnu que la valeur militaire des fantassins de la rébellion est faible, voire très faible, inférieure à celle des troupes de Kadhafi, pourtant peu glorieuses, comme l'a reconnu au Time un mercenaire croate ayant travaillé pour le régime. Le credo des supporters de Kadhafi, en Libye ou ailleurs, est de dire que les rebelles ne font rien, absolument rien, et que l'OTAN mène tous les combats depuis les airs, les rebelles ne faisant qu'occuper le terrain. Il est vrai que les images et vidéos qui nous parviennent, même dans les médias français et britanniques, montrent des hommes en civil avec des armes en bandouillières, criant leur victoire et tirant en l'air, ou tirant au canon vers des cibles inconnues : rien qui ressemble à des combats. Ceci dit, on imagine difficilement les journalistes filmer de près des affrontements entre combattants au sol, ne serait-ce que pour leur propre sécurité.

 

     En même temps, depuis des mois de conflits, notons que la rébellion a réussi à tenir des bastions sur la durée, tels Misrata et le Djebel Nefoussa. Ce qui a donné à plusieurs centaines de leurs combattants l'occasion de faire l'épreuve du feu. Ce qui a impacté l'assaut sur Tripoli. Selon le site Maghreb Intelligence, basé au Maroc, l'opération "Sirène" entamée le Samedi 20 Août, aurait fait débarquer 200 combattants de Misrata près de Tajoura, à l'Est de Tripoli. Pendant ce temps, d'autres combattants rebelles seraient venus du Sud et de l'Ouest (de Zawouiya et Sorman). Mais rien n'aurait été possible si une partie des troupes de Kadhafi ne s'était retournée contre le Guide, ouvrant les portes de la ville aux hommes du CNT, pendant que les mosquées appellaient à l'insurrection des cellules dormantes de la rébellion dans la ville. De la même manière, ce serait principalement par négociation avec les tribus de la côte tripolitaine que les hommes du Djebel Nefoussa auraient pu prendre Zawouiya, Sabratha et Sorman.

 

     Selon le même document, la participation de plusieurs centaines de membres des forces spéciales françaises (DGSE) ou britanniques (SAS) pour préparer l'assaut sur Tripoli, voire l'encadrer, depuis le Djebel Nefoussa ou lors du débarquement de Tajoura, est fort probable. Cependant, rien ne contredit que les combattants rebelles présents dans la capitale soient bel et bien en majorité des libyens.

 

     Dans Tripoli, les troupes rebelles, avant comme après la prise du bunker de Bab-El-Azizya (un "repli tactique" selon Kadhafi), essuient des tirs de snipers et d'artillerie. Selon Alain Benajam sur Facebook, ce seraient jusqu'à 2000 corps de rebelles (chiffres surprenants par rapport aux quelques centaines de combattants annoncés par le CNT lui-même) qui auraient été trouvés dans la ville après la "contre-offensive victorieuse" du début de cette semaine (victoire kadhafiste qui parait de plus en plus improbable, confirmée par aucune autre source que celles du régime et de ses partisans déclarés comme le Réseau Voltaire)... Au final, on ne sait pas si les rebelles savent se battre ou pas, mais le fait est qu'ils risquent bien leurs vies dans des combats où l'OTAN ne peut pas tout faire...

 

Que se passe-t-il dans le reste de la Libye?

 

     Toujours selon le CNT et les médias des pays de l'OTAN : les offensives ont continué en Tripolitaine et dans le golfe de Syrte, l'essentiel de la côte tripolitaine étant sous contrôle rebelle, hormis Zwara, près de la frontière tunisienne, le centre de la ville étant sous contrôle rebelle, mais assiégé par des troupes loyalistes de localités proches. A Zliten, les mêmes forces loyalistes tiendraient des positions en hauteur et auraient tenté de reprendre la ville côtière. Le principal bastion kadhafiste en Tripolitaine, hormis les quartiers Sud de Tripoli, est Bani Walid. Entre cette ville et la capitale, se trouve Tarhouna, ville annoncée prise par les rebelles le week-end du 20 Août puis reprise le 27...par les mêmes rebelles (vous avez dit confusion?).

 

     Dans le golfe de Syrte, la ville de Ras Lanouf, déjà prise par la rébellion, prise et perdue plusieurs fois, depuis le mois de Mars, serait à nouveau passée sous contrôle du CNT cette semaine. Elle n'est présentée dans la plupart des médias que comme une étape avant Ben Jawad (qui serait tombée ce week-end malgré une résistance âpre des kadhafistes cette semaine) et surtout Syrte, ville natale du Guide, dans laquelle l'armée libyenne serait massée. C'est oublier que Ras Lanouf est une prise capitale : c'est, avec Brega, l'un des principaux terminaux pétroliers de Libye. Le réseau d'extraction et d'acheminement pétrolier est principalement situé dans le centre-est de la Libye, entre la Cyrenaïque et Ras Lanouf. Un autre oléoduc passe près du Djebel Nefoussa, à l'Ouest du pays. La prise de Ras Lanouf, loin d'être un détail, signifie que le régime kadhafiste a perdu le contrôle de l'or noir. Quand bien même l'armée régulière libyenne arriverait à stabiliser le front, elle n'aura plus ni essence, ni argent (d'autant que ses avoirs financiers sont gelés et saisis par les USA...). Cependant, même si l'attention est focalisée sur Syrte et Ben Jawad, la situation de Ras Lanouf n'est pas encore certaine, des combats y ayant été reportés ces derniers jours.

 

Situation du front au 28 Août 2011, en Libye et dans le Golfe de Syrte

(zones sous contrôle rebelle en rouge/rose/brun, zones sous contrôle du régime de Kadhafi en vert) 

 

 

 

Et les pertes humaines ?

 

     Selon le gouvernement libyen, à Tripoli, elles auraient été très élevées. Au moins 300 morts Samedi 20 Août au soir, 1300 en une douzaine d'heures à partir du Dimanche midi (on peut s'étonner de la rapidité d'un tel décompte, forcément incertain puisque nombre de blessés peuvent décéder en quelques heures). On ne sait pas en revanche quelles sont ces pertes : des militaires loyalistes? Des civils? Des rebelles? Combien de gens morts l'arme à la main et combien de civils?


     Si ce chiffre de plus de 1600 morts était avéré (le CNT parle plutôt de 400), il faudrait l'ajouter aux plus de 1000 morts que le gouvernement libyen impute aux frappes de l'OTAN. Chiffres à mettre en perspective avec les centaines de victimes de la répression des manifestations de Février. Si le chiffre de 6000 morts en Février-Mars avancé par le CNT a été démenti, ou plutôt non confirmé par Amnesty International au cours du printemps, il n y en a pas moins eu plusieurs centaines reconnus par l'association (et 233 en quatre jours, du 17 au 20 Février, de sources hospitalières, par Human Rights Watch - Kadhafi n'a peut-être pas bombardé son peuple à ce moment, mais ses troupes ont bel et bien tiré). Pour l'ensemble du conflit, le CNT a parlé récemment de 20.000 morts. Ce qui, si c'était vrai, laisserait suggérer que l'essentiel des décès n'ont pas eu lieu du fait des bombardements mais d'affrontements et d'exécutions au sol...

 

     Depuis le début de la bataille de Tripoli, les récits d'exactions s'affrontent : le Réseau Voltaire et Michel Collon parlent de pillage et d'exécutions sommaires commises par les rebelles (qui étaient censés avoir été "mis en déroute" en début de semaine). Un journaliste de France 24 semble les confirmer, citant un quartier où plusieurs dizaines de ces exécutions auraient eu lieu. Des corps d'hommes noirs, les mains attachés dans le dos, ont été retrouvés par des journalistes britanniques, qui ne savaient à qui les attribuer. Parfois, ces victimes sont décrites comme d'ex-combattants pro-Kadhafi. Cela ressemble surtout beaucoup aux meurtres racistes relevés en Cyrénaïque, mais dont rien ne permet d'affirmer qu'ils seraient commandités par le CNT.


     A l'inverse, les rebelles et les médias franco-britanniques ont reportés plusieurs cas de charniers de prisonniers censés avoir été abattus par les troupes de Kadhafi juste avant leur retraite, parfois à la grenade...

 

     Il faudra longtemps pour qu'un examen des pertes civiles ou militaires tués hors combats soit fait, aussi bien pour les frappes de l'OTAN que pour les actions au sol.

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 22:30

     Nous n'avions encore exprimé aucune réaction face à la tuerie norvégienne du 22 Juillet dernier.

      Après lectures et réflexion, c'est encore (une fois de plus) celle du blogueur Descartes qui semble la plus pertinente :

De la folie privée et de sa récupération publique

 

Si notre système politico-médiatique devait choisir une animal comme mascotte, ce serait certainement le vautour. Ce serait une digne manière de rendre hommage à ce volatile si utile et cependant si méprisé. Et ce serait aussi un digne symbole de ce qui arrive de plus en plus souvent: dès qu'un désastre, une catastrophe, un fait divers sordide est annoncé, apparaît toujours quelqu'un pour décréter - souvent en se pourléchant les babines avec la plus grande indécence -  que l'évènement en question prouve qu'il a raison et que ses adversaires ont tort. L'accident de Fukujima permit ainsi à plusieurs personnalités antinucléaires de se réjouire publiquement et de proclamer que ce serait "pire que Tchernobyl". L'affaire Strauss-Kahn vit un certain nombre de "féministes de genre" sortir du bois avec de grands sourires sortir le grand couplet sur le "patriarcat" est soutenir les larmes aux yeux la "victime". Souvent d'ailleurs la déclaration suit de tellement près le fait qu'il est évident qu'elle n'est soutenue par aucune analyse sérieuse ou des faits certains. Ce qui donne d'ailleurs des situations cocasses ou franchement ridicules. L'accident nucléaire "pire que Tchernobyl" ne s'est finalement pas matérialisé (1). L'affaire Strauss-Kahn devient de plus en plus clairement une banale affaire de chantage (2) .

 

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22 juin 2011 3 22 /06 /juin /2011 23:46

La Grèce n’est toujours pas sortie de l’euro malgré les rumeurs d'il y a deux semaines, mais les évènements s’accélèrent, notamment avec l’obtention d’un référendum sur la politique d’austérité, et la démission d’un député, et plus récemment le vote de confiance des parlementaires au gouvernement.

Nous proposons aujourd’hui quelques éléments de rappels sur l’économie et la politique grecques au cours des dernières années, à prendre en compte pour savoir où en sont les grecs.

Faisons d'abord l'arrière-plan politique: depuis la chute du régime des colonels (1967-1974), la Grèce a été dirigée tantôt par la droite (parti de la Nouvelle Démocratie), et par le mouvement socialiste panhellenique (PASOK), de 1981 à 1989 puis de 1993 à 2004, et à nouveau à partir de 2009. C'est donc actuellement un gouvernement social-démocrate qui tente de gérer l'effroyable situation économique du pays.

Effroyable est le mot, et il suffit d'en juger par les graphes qui suivent.

 

  

Sur le premier graphique, on voit que la Grèce avait connu de belles performances en termes de croissance du PIB, en comparaison de la zone euro, jusqu'en 2007. Ensuite, la dégringolade a été pire que que pour la moyenne des pays de la monnaie unique, le pays devant encore connaître une récession de 3.5% en 2011. Cela pourrait prendre fin en 2012, selon Eurostat, mais ces prédictions n'ont que peu de valeur, puisque les évènements des semaines à venir vont être décisifs: le pays peut soit tomber dans une faillite immédiate, soit continuer sur la voie des plans d'austérité et éviter (pour combien de temps?) cette faillite.

Les conséquences de la crise sur l'emploi se font sentir au même rythme que pour la zone euro depuis 2009, dans un pays où la proportion de personnes en âge de travailler employées était déjà relativement basse (mais où le temps de travail moyen par semaine est plutôt élevé par rapport aux autres pays d'Europe).

La récession a déclenché la crise de la dette publique grecque qui occupe nos écrans depuis 2010. Mais le pays a toujours connu, au cours de la dernière décennie, des niveaux de déficits assez forts, dissimulés par des trucages statistiques pour permettre à la Grèce d'entrer et de rester dans la zone euro, euro qui de surcroît diminuait les coûts des emprunts, aggravant la tentation dépensière de l'Etat hellénique. Les discussions pour attribuer la paternité des déficits au PASOK ou à la Nouvelle Démocratie sont assez oiseuses : comme le montre le graphe suivant, en 2004, le PASOK laisse une ardoise de 7.5% du PIB au gouvernement suivant, et la droite ensuite, après une brève amélioration (à 5.2% du PIB en déficit public quand même) reprend la course à l'abîme. Ayant projeté ses dépenses sur son rythme de croissance soutenu des années 2000 (cf. ci-dessus), l'Etat grec voit ses recettes fiscales se ralentir en même temps que ladite croissance, et dès lors le panier percé devient un gouffre : en 2009, le déficit public est de 15% du PIB.

Alors l'Etat grec voit s'envoler les taux d'intérêts auxquels il doit se plier pour emprunter, et la dette augmente de plus belle.

 

La dette publique a gonflé de plus d'un tiers entre 2007 et 2010, et devrait atteindre 160% du PIB l'an prochain. En voyant cette dette croître de 10% du PIB par an, qui ne redouterait la cessation de paiement prochaine du pays?

  

     Mais cette dette, au fait, de quoi est-elle faite? Comme la France, la Grèce s'endette auprès des marchés financiers (c'est-à-dire d'entreprises, de fonds d'investissements, de sociétés d'assurances, directement ou indirectement de particuliers) et l'Etat ne peut plus créer de la monnaie via sa banque centrale (puisque de toute façon la Grèce est dans l'euro). Donc les emprunts publics s'accompagnent d'intérêts. 

 

     En France, ces intérêts sont responsables de l'essentiel de la  dette publique, comme nous l'indiquons dans le premier numéro de notre journal, en Septembre. Ce qui signifie que si l'Etat avait pu financer ses déficits par de la création monétaire, et rembourser ensuite cette création dès qu'un excédent primaire (c'est-à-dire un excédent du budget de l'Etat, sans payer d'intérêts sur la dette) était réalisé, alors le secteur des administrations publiques françaises aurait pu éviter la majorité de la dette publique cumulée de 1974 à 2008. Mais ce à condition que les autres dépenses publiques aient été identiques à ce qu'elles ont été (donc on ne peut surtout pas dire qu'avec la monétisation, l'Etat français aurait pu dépenser plus sans déclencher plus d'inflation). C'est pourquoi le débat sur cette monétisation est relancé, le plus souvent avec raison, notamment sur Internet. Cependant, la grande majorité des critiques de cette loi oublient de préciser qu'elle avait aussi pour but de réduire le risque inflationniste de la création monétaire (mais Socialisme & Souveraineté propose d'autres gardes-fous démocratiques dans son programme). Et surtout, les critiques oublient de dire que depuis 2009, le déficit public français est nettement supérieur aux intérêts payés par l'Etat. Donc, depuis deux ans, le cumul des intérêts ne suffit plus à expliquer le gonflement de notre dette...

 

       Et pour la Grèce, qu'en est-il? Peut-on dire que l'Etat grec, s'il n'avait pas d'intérêts à payer, serait beaucoup moins endetté? Comme on le voit sur le diagramme suivant, entre 1999 et 2007, le solde primaire grec est peu dramatique (il est en moyenne de 0,13% du PIB). Donc, sans intérêts, la Grèce se serait peu endettée sur ces neuf années. Mais pour 2008-2010, on est au minimum à 5% de déficit (et 10% en 2009) sans intérêts. Par comparaison, la France a fait 0,4% de déficit primaire en 2008, 5% en 2009, 4.5% en 2010.

 

     

Conclusions

  

      - Quand bien même on imaginerait que les grecs n'auraient plus aucun intérêt à payer sur leur dette (en faisant défaut par exemple...), ils devraient quand même (et la France est quasiment dans la même situation en 2011) entamer des mesures de rééquilibrage budgétaire (d'austérité donc, par hausses d'impôts et baisses des dépenses) à hauteur de 5% du PIB. Car quand bien même l'Etat grec pourrait créer sa propre monnaie, continuer à émettre 5% du PIB en monnaie nouvelle par an serait très vite hautement inflationniste. Il n'est donc pas possible de dire que la crise de la dette grecque serait entièrement imputable aux marchés financiers ayant joué sur les taux d'intérêts des emprunts d'Etat;

 

       - Mais en même temps, notons que le déficit primaire de la Grèce n'était plus très différent de celui de la France en 2010. Et que les déficits primaires du Royaume-Uni (7% du PIB) et de l'Espagne (7% aussi) étaient même plus élevés. Donc, actuellement, dire que les grecs sont plus dépensiers que les autres pays européens est faux. Et on peut dire qu'ils ont déjà fait de gros efforts de réduction de leurs déficits.

 

       Disons-le tout net : il n'y aura pas de solution radicale à brève échéance pour la Grèce. Quand bien même les centaines de milliers de manifestants de ces derniers jours se lanceraient dans une révolution, renverseraient le gouvernement, et imposeraient un gouvernement révolutionnaire, annuleraient la dette et même pendraient les banquiers pour le plaisir...et bien il resterait ces 5% de déficit primaire de l'Etat. Et sans doute pire vu que les classes aisées frauderaient encore plus et que les capitaux fuiraient. Payer ce déficit par la création monétaire achèverait de désorganiser l'économie par l'inflation. D'autant que si la Grèce repassait à la drachme immédiatement, sa monnaie s'effondrerait aussitôt (par rapport à l'euro ou autres monnaies européennes renaissantes après une disparition de l'euro), générant une inflation fulgurante sur les importations.

 

      A terme, la Grèce devra pourtant sortir de l'euro (qui étouffe ses exportations), récupérer son pouvoir de création monétaire, et racheter progressivement sa dette pour ne plus en supporter les intérêts. Mais pas sans réduire son déficit (primaire et global) auparavant, et cela prendra plusieurs années. C'est le même programme que nous proposons pour la France.

 

 

 

 

 

 

 

 

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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 23:07

     Alors que des rumeurs insistantes font état d'une sortie imminente de la Grèce hors de la zone euro, parlons un peu de Ollanta Humala, homme politique péruvien récemment élu à la présidence de son pays. Il avait déjà été question de lui sur ce blog.

 

     Sa victoire confirme-t-elle le "virage à gauche" de l'Amérique latine? En partie seulement. Car s'il a bien vaincu Keiko Fujimori, fille d'Alberto, président de droite des années 90, Humala n'a plus grand chose du "marxiste" que nous pouvions évoquer jadis.

     Quelques articles :

 

http://www.humanite.fr/06_06_2011-avec-ollanta-humala-le-p%C3%A9rou-bascule-%C3%A0-gauche-473758

http://www.atlantico.fr/decryptage/chavez-lula-humala-bresil-chili-bachelet-perou-venezuela-gauche-118158.html

http://www.lavoixdunord.fr/France_Monde/actualite/Secteur_France_Monde/2011/06/10/article_le-visage.shtml

http://www.actulatino.com/2011/06/10/perou-ollanta-humala-rencontre-dilma-rousseff-et-vante-le-modele-socio-economique-bresilien/

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/06/03/008-perou-ollanta-humala.shtml

 

       Pour résumer et donner quelques éléments de contexte, le Pérou, indépendant de l'Espagne depuis 1821, est aussi connu par l'image du "mendiant assis sur un banc en or". Le pays n'a pas les réserves pétrolières ou gazières du Venezuela ou de la Bolivie, mais d'immenses richesses minérales andines, alors qu'il est l'un des pays latinoaméricains les plus pauvres. Il a très longtemps fait l'objet de l'influence américaine, notamment depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Il a connu cependant une expérience "socialiste", de 1968 à 1975, avec un régime militaire (un parmi beaucoup d'autres de son histoire) dirigé par Juan Velasco Alvarado, qui opéra des nationalisations et tenta une réforme agraire. Les libéraux décrivent cette période comme celle de graves échecs économiques. Dans un de ses livres ("Comment les démocraties finissent", 1982), feu l'académicien Jean-François Revel parlait même d'un "militaro-socialisme" qui aurait fait chuter le PIB de 80% ! En réalité, sans vouloir défendre un régime despotique, le Pérou n'a pas connu un tel désastre pendant ces sept ans, comme on peut le voir sur ce graphique du PIB par habitant (il y eut bien des récessions, mais après 1975).

 

     Les années 80 sont celles du pouvoir d'Alan Garcia et de l'Apra, le parti originellement marxiste du Pérou fondé avant la Seconde Guerre Mondiale, ainsi que les années où sévissaient les tueurs maoïstes du "Sentier Lumineux", dirigé par le "Président Gonzalo". Tueurs qu'Alberto Fujimori, président libéral des années 1990, arrêtera. Le même Fujimori finira lui-même en prison, condamné en 2009 à 25 ans de prison pour corruption et atteintes aux droits humains. Le pays n'en a pas moins connu un redressement au cours des années 1990 puis une forte croissance dans la décennie 2000 (voir le graphique précité).

 

     C'est justement sur la base d'une redistribution des fruits de cette croissance que Humala, ex-militaire aymara (l'ethnie principale héritière de la civilisation inca), président du Parti Nationaliste Péruvien (censé être socialiste), a fait campagne, en 2006 puis en 2011. La première fois, c'était en se déclarant proche de Hugo Chavez. La seconde, c'était plutôt du côté du président brésilien Lula et de sa successeure Dilma Roussef. Enfin bref : le drapeau rouge ne flotte pas sur les Andes. Sauf si vous accueillez comme une mesure révolutionnaire sa première décision de président: un moratoire de dix ans sur les OGM. Après Moralès qui décrète des "droits de la Nature", on se demande si l'Amérique du Sud vire au rouge, au rose ou au verdâtre.


 

     Pour finir, cette carte de l'espace latinoaméricain en Juin 2011, avec les états ayant des dirigeants (nom indiqué sous celui du pays) de droite (en bleu), les pays de l'axe Chavez-Castro-Morales-Correa-Ortega (en rouge), les sociaux-démocrates (rose), les pays rattachés à l'extérieur (comme la Guyane Française) apparaissant en gris, et les petits pays aux gouvernements moins définissables étant en bleu pâle.

 

 

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 14:49

En français : Démocratie Réelle maintenant...Vraiment?

 

Addendum au 23 Mai 2011 : Les élections municipales espagnoles ont eu lieu ce dimanche. Le Parti "Socialiste Ouvrier" Espagnol (PSOE) a subi une lourde défaite face à la droite (Parti "Populaire"). Mais l'abstention n'a pas progressé entre 2007 et 2011 et la gauche radicale (Izquierda Unida, Gauche Unie) reste à 6%. L'impact électoral de la "Révolution  espagnole" semble donc minime.

 


     Socialisme & Souverainete n'a pas encore de position tranchée sur le mouvement de protestation qui a réunit plusieurs dizaines de milliers (centaines de milliers selon ses organisateurs) dans différentes villes d'Espagne depuis quelques jours. Ses auteurs, se disant de toutes mouvances confondues, de droite ou de gauche, conservateur ou progressistes, prétendent représenter la jeunesse et les précaires espagnols victimes de trois ans de crise et d'un chômage catastrophique.

 

On peut en lire le manifeste ici,

 

et les propositions là.

 

      Une constatation s'impose : malgré quelques propositions qui pourraient satisfaire également des gens de droite (ne plus soutenir les banques, sanctions contre les politiques absentéistes, fin de l'immunité juridique des responsables politiques, transparence des patrimoines, et une vague "réduction des gaspillages des administrations publiques"...), l'essentiel de cette programmatique relève d'une grossière sociale-démocratie type NPA ou Front de Gauche. On y trouve en effet la réduction du temps de travail comme manne essentielle de la réduction du chômage, où l'exigence de l'interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits (quand bien-même cela se concrétiserait, celles-ci en déduirait qu'il faudrait externaliser encore plus leurs effectifs, pour que des sous-traitants se chargent des éventuels licenciements...).

 

     Paraît-il que "Democracia Real Ya" ne serait qu'une des officines les plus en vue d'un mouvement bien complexe. Mais le plus probable est que ce mouvement "citoyen" (au sens de: qui n'a pas la franchise d'assumer ses partis-pris idéologiques) risque de rencontrer le même souci que la gauche "radicale" en France: prétendre parler au nom du peuple sans se rendre compte que la majorité de celui-ci est loin de partager ses vues et ses réclamations "évidentes".

 

     Notre propos peut paraître un peu sectaire, et on doit bien sûr comprendre et approuver un mouvement de révolte de ceux qui subissent les effets de la crise. Mais qu'on le veuille ou non, si l'on veut vraiment faire un changement durable, il faut d'abord réunir les idées, les discuter, en tirer des conclusions, les diffuser dans l'opinion par des messages simples, et ensuite passer à l'action. Non pas que les idées commandent la réalité. Mais, comme le disait Lénine, pas de pratique révolutionnaire sans théorie révolutionnaire...

 

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 17:02

     Ci-dessous, un appel du Comité Valmy, sur l'intervention de l'Etat français en Côte d'Ivoire. Un mois après l'arrestation de Laurent Gbagbo, l'intervention de Nicolas Sarkozy et du gouvernement français est suspecte tant au niveau de la reconnaissance étrangement immédiate de la victoire électorale, douteuse, d'Alassane Ouattara, qu'au niveau de l'aide apportée à l'offensive des troupes de ce dernier fin mars, et surtout dans les frappes de la force Licorne à partir du 4 Avril.

 

     Des frappes qui auraient fait un bilan élevé en vies humaines, de l'ordre de 2500 morts, au minimum 2300, selon Gregory Protche, du journal en ligne Le Gri-Gri International (au point de vue pro-Gbagbo assez marqué), et selon d'autres rapports mentionnés sur le site américain RepublicReport . La seule source d'une telle hécatombe semble être l'armée ivoirienne, celle loyale à Gbagbo lors des premiers jours d'Avril. A défaut de le prendre comme argent comptant, on ne peut cependant pas rester sans savoir. Il ne s'agit pas de prendre le parti de l'ancien président ivoirien, mais d'exiger que lumière soit faite sur des évènements particulièrement graves.

 

     Dans les débats de l'Assemblée, les députés UMP-NC et le gouvernement ressassent toujours le prétexte officiel d'une intervention au nom de la démocratie, sans jamais rendre compte du bilan humain et matériel des actions de l'armée française.

     Ces réponses, le gouvernement les doit, aux parlementaires et au peuple français, et surtout au peuple ivoirien.

 

Guerre civile en Côte d’Ivoire :
-Pour une commission d’enquête parlementaire sur l’utilisation des forces militaires françaises
-Pour une commission internationale d’investigation sur les massacres

Communiquédu Comité Valmy

mercredi 27 avril 2011, par Comité Valmy


Communiqué du Comité Valmy

 

Guerre civile en Côte d’Ivoire :

 Pour une commision d’enquête parlementaire sur l’utilisation des forces miltaires françaises

 Pour une commission internationale d’investigation sur les massacres

 

Le gouvernement français, l’Union européenne et l’ONU ont choisi de reconnaître l’élection contestée d’Alassane Ouattara, malgré des résultats annoncés illégalement et des fraudes massives en sa faveur. Aux légitimes demandes de respect de la Constitution et de recomptage des voix, la diplomatie française n’a répondu de façon manifestement partisane, que par la menace, puis par un soutien absolu au camp adverse, pourtant connu de la population ivoirienne pour sa capacité à enrôler des mercenaires prêts à toutes les exactions.

 

 La suite sur : http://www.comite-valmy.org/spip.php?article1385

 

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 22:46

Addendum au 12/04/2011 : La proposition de médiation de l'OUA a été refusée par les insurgés, faute d'amener au départ de Mouammar Kadhafi...

 

Tribune libre de Pablito Waal

 

     Après trois semaines d'interventions aériennes des pays de l'OTAN en Libye, on peut faire les constats suivants:

 

     - La coalition a atteint son premier objectif : empêcher la défaite de la rébellion, imminente au 18 Mars;

 

     - Les bombardements n'ont pas permis un effondrement rapide du régime de Kadhafi (et de toute façon ils ne pouvaient y aboutir);

 

     - Les rebelles ont fait preuve du minimum d'organisation pour reprendre l'offensive jusqu'aux environs de Syrte, avant de refluer jusqu'à Brega et Adjabiyah. "Minimum" d'organisation est donc le terme approprié. Il semble clairement que les rebelles ne sont pas en mesure de gagner la guerre.

 

     La position que j'indiquais il y a trois semaines, consistant à livrer des armes aux rebelles, a pris du plomb dans l'aile :  ce n'est pas réellement les armes qui font défaut aux combattants rebelles, mais le plus souvent l'expérience du combat et un commandement efficace. En plus des armes, des instructeurs pourraient leur être envoyés - et y sont probablement déjà. Mais on ne monte pas une armée en trois semaines. L'achat de mercenaires pourrait être une solution, mais l'argent ne pourrait venir que de l'Occident, et l'autonomie de la rébellion ne s'en sortirait pas mieux qu'avec une intervention directe au sol des troupes de l'OTAN (hypothèse qui reste heureusement rejetée).

 

      En revanche, le fait de reconnaître la rébellion et d'empêcher sa défaite me semblent toujours être de justes décisions. On a vu se multiplier les analyses sur les intérêts économiques ou géostratégiques des pays membres de l'OTAN sur la Libye, sur le fait que cette guerre était tout sauf désintéressée (oh, pas possible ! ce qui m'étonne, c'est qu'il existe encore des gens croyant en la possibilité du désintéressement en politique internationale, et qui se choquent de voir des manoeuvres intéressées...). Ou sur le fait que la rébellion aurait été fomentée de l'extérieure, par la France notamment selon la presse italienne (ou plutôt l'exploitation qui a été faite de ces informations par le Web conspirationniste et "anti-impérialiste"). Pour ma part, je ne crois pas que l'on puisse déclencher une guerre civile à partir de rien dans un pays et depuis l'extérieur. Il faut payer cher des gens qui vont risquer leur vie, s'assurer qu'ils aient des armes, et surtout des combattants à convaincre de la nécessité de se battre, des gens prêts à saccager leur pays... Sauf à payer directement chaque combattant (ce qui se verrait très rapidement), une puissance étrangère ne peut pas déclencher une guerre dans un pays où les gens n'ont pas une bonne raison de se battre entre eux. Plutôt que "la rébellion a été fomentée depuis l'extérieur", la réalité, selon mes lectures, serait plutôt que la rébellion était déjà en projet depuis plusieurs mois, et qu'elle avait trouvé des alliés à l'étranger. Mais ces alliances n'expliquent pas que la moitié du pays se soit soulevé.

 

      Dans le cas de la Libye, le sauvetage de l'insurrection par l'OTAN n'a pas entraîné de soulèvement en zone contrôlée par le régime qui aurait terrassé Kadhafi. La répression du pouvoir y est sans doute pour quelque chose, le niveau d'organisation du régime de Tripoli restant nettement supérieur à celui de Benghazi.

 

      Il n'en reste pas moins que, militairement, la situation n'avance pas, le front faisant des va-et-vient pendant que Misrata agonise sous les bombardements. Pour les rebelles, toute négociation ne commençant pas par le retrait de Kadhafi et fils est inacceptable. Et on peut le comprendre: une telle issue rendrait vain tout l'effort de la rébellion depuis Février, sauf si le pays se divisait en deux, avec un Kadhafi-land à l'Ouest, et le Conseil National à l'Est.

 

     Aujourd'hui, des médiateurs de cinq pays africains - malien, ougandais, mauritanien, congolais, sud-africain - avaient embarqué pour la Libye, dans l'espoir de trouver une solution politique. C'est encore la seule solution pour régler le conflit en laissant aux libyens des deux camps le choix de l'issue.

 

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 23:37

Notre mouvement est resté très silencieux sur les évènements de Côte d’Ivoire depuis la présidentielle de Novembre dernier.

Replaçons un peu le contexte : cette ancienne colonie française, passée du « miracle » des années 60 au « mirage » suite à la baisse des prix des matières premières sur lesquelles se fonde son économie (premier exportateur mondial de cacao), fut l’un des plus grands receveur d’immigrants venus de ses voisins du Nord (Burkina Faso, Mali), majoritairement musulmans, alors que la Côte d’Ivoire est aux deux tiers chrétienne ou animiste. La « présidence » de Félix Houphouët-Boigny laisse place en 1993 à Henri Konan Bédié, qui utilise le concept « d’ivoirité » de son prédécesseur pour rendre inéligibles les ivoiriens issus de l’immigration. Les tensions qui croissent entre natifs et migrants, chrétiens et musulmans mène au coup d’Etat du général Robert Gueï, en 1999, qui finit par céder le pouvoir à Laurent Gbagbo suite aux élections de 2000, pendant que de nombreuses candidatures étaient encore invalidées (dont celle d’Alassane Ouattara, musulman libéral du nord). Opéré par des militaires « nordistes » entraînés au Burkina Faso, le coup d’état de 2002 manque de prendre la ville-poumon du pays, Abidjan (la capitale politique étant Yamoussoukro, au centre), et aboutit à la division du pays en deux parties, selon une ligne sud-ouest – nord-est. Sous le prétexte officiel de protéger quelques milliers de ressortissants européens et autres non-africains, détenteurs de la plupart des entreprises industrielles locales, les forces françaises, toujours présentes depuis l’indépendance en 1960, imposent la ligne de démarcation, et la France tente d’organiser un gouvernement de conciliation dans les accords de Linas-Marcoussis suivis de ceux d’Accra (capitale du Ghana voisin). Aucun de ces accords ne sera concluant. Plusieurs accords plus tard, et bien plus encore de massacres, dont quelques uns imputables à l’armée française (en 2004 notamment, quand eut lieu l’assaut de l’armée ivoirienne contre des soldats français à Bouaké, auquel l’armée française répond en détruisant l’aviation ivoirienne), les accords de Ouagadougou (capitale du Burkina Faso) de 2007 prévoient une présidentielle devant réunifier le pays. Elle n’a eu lieu qu’en Novembre 2010.

Début Décembre, les résultats du second tour (le premier avait placé Gbagbo en tête, Ouattara en second et Konan Bédié en troisième) sont annoncés par une commission électorale indépendante, qui clame la victoire de Ouattara avec 54% des voix, avant que le conseil électoral national (favorable au président sortant) ne prétende que Gbagbo l’emportait avec 51% des voix. Rapidement, l’ONU, plusieurs pays africains et l’Union Africaine au final reconnaissent la victoire de Ouattara. Celle-ci est pourtant vivement contestée par le pouvoir sortant : le Nord a voté majoritairement Ouattara, le Sud et Abidjan Gbagbo. Et avec moultes accusations de fraudes et d’intimidations des votants contre chaque camp. Faute d’un nouveau décompte demandé par Gbagbo, le pays est revenu pour quatre mois à sa division Nord-Sud, pendant que plusieurs centaines de meurtres étaient commis. Fin Mars, le camp Ouattara réalise une offensive éclair qui lui permet de conquérir le Sud, exception faite d’une partie d’Abidjan, où Gbagbo résiste avec les forces qui n’ont pas encore fait défection, et ses partisans civils (dont les Jeunes Patriotes). Alors que la pression sur les européens encore sur place s’intensifie, la France y voit matière à faire passer son contingent de moins de mille à 1650 hommes.

Le 4 Avril, les troupes de l’ONUCI (forces de l’ONU en Côte d’Ivoire, censées assurer la protection des civils depuis 2004) et l’armée française soutiennent l’assaut de Ouattara sur Abidjan. Le prétexte est la résolution 1975 de l’ONU, obtenue par la France et la Nigéria, pour neutraliser les armes lourdes utilisées contre les civils – un moyen efficace de s’assurer que, dans un moment désespéré, le camp Gbagbo ne se servira pas de ses dernières armes contre les infrastructures où des entreprises telles que Bouygues ou Bolloré sont impliquées.

Contrairement à des blogueurs amis, Socialisme & Souveraineté n’a pas pris de position tant il est difficile d’être certain de l’issue réelle de l’élection. La rapidité avec laquelle la victoire de Ouattara fut reconnue par les pays occidentaux peut inspirer la méfiance. Quant à l’intervention française, une enquête s’avère rapidement nécessaire tant cette entrée brutale de nos troupes dans le conflit, dont l’issue ne fait maintenant plus de doute en faveur d’Ouattara, apparaît éloignée de l’objectif de protection des civils. La situation de la Côte d’Ivoire n’est pas du tout celle de la Libye : déjà parce que le conflit est déjà en grande partie réglé, et parce que même si la pratique du pouvoir de Laurent Gbagbo de  2000 à 2010 est discutable d’un point de vue démocratique, s’il se trouvait qu'il était le réel vainqueur des élections de Novembre dernier, alors on ne pourrait le comparer à un despote comme Kadhafi, Bachar El-Assad, ou il y a peu encore Ben Ali et Moubarak. Et la prise du pouvoir par Ouattara ne saurait alors être assimilée à la victoire de la démocratie. Certes, l'ONU a pourtant reconnu la victoire de Ouattara, en reconnaissant des plaintes de l'autre camp sur des fraudes possibles, mais en précisant que cela n'inverserait de toute façon pas le résultat. Mais si l'ONU s'était trompé, ou avait menti? Pourquoi faudrait-il nécessairement croire en l'objectivité d'une organisation construite pour que les nations les plus puissantes y disposent de veto, et composée d'un grand nombre de pays non-démocratiques?

Notre mouvement exige la clarté sur les raisons de l’intervention des troupes françaises, et leur désengagement le plus rapide des combats. Et que soit proposée au nouveau pouvoir ivoirien une consultation du peuple pour savoir s’il tolère vraiment la présence d’une force armée étrangère – française en l’occurrence-, depuis des décennies, sur son sol.

Quelques liens :

Point sur la situation en Février dernier par une analyste de l’université de Sherbrooke (Canada) :

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse?codeAnalyse=1296

L’offensive-éclair de Ouattara fin mars :

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2621p010-013.xml0/france-nigeria-liberia-etats-uniscote-d-ivoire-les-secrets-d-une-offensive-eclair.html

Alain Juppé sur LCP mardi 5 avril :

http://www.lcp.fr/videos/reportages/14228-cote-d-ivoire-le-point-sur-la-situation-mardi-soir

La Côte d’Ivoire en proie aux conflits ethniques :

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Cote-d-Ivoire-les-conflits-ethniques-a-leur-apogee-269895/

Abidjan en plein chaos :

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/cote-d-ivoire-des-quartiers-d-abidjan-livres-aux-miliciens_980932.html

L’ONU demande des corridors humanitaires :

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110408130247/onu-laurent-gbagbo-guerre-alassane-dramane-ouattaracote-d-ivoire-l-onu-demande-la-creation-de-corridors-humanitaires.html

 

 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 00:42

Tribune libre de Pablito Waal

A l’heure où j’écris ces lignes, le Conseil de Sécurité de l’ONU n’a pas encore tranché sur une intervention aérienne en Libye, qui serait probablement menée par la France, le Royaume-Uni et les USA pour stopper l’avancée des forces de Kadhafi écrasant l’insurrection populaire libyenne commencée il y a un mois.

Comme beaucoup, à commencer par les rebelles libyens eux-mêmes il y a encore quelques jours, je pense qu’une intervention terrestre des armées occidentales serait une grave erreur : outre son coût, financier et humain, elle risquerait de faire se retourner une partie du peuple libyen en faveur du tyran, en suscitant une résistance nationale.

Mais ça ne semble pas être la revendication du gouvernement français, qui en resterait à des actions ciblées depuis les airs. Je reste sceptique : si ces opérations renversaient réellement la donne, les rebelles libyens seraient-ils encore maîtres de leur mouvement ?

J’aurais voulu poster cet article il y a plusieurs jours, avant que l’actualité japonaise ne m’en éloigne. Il y a quelques jours, les forces « loyales » au régime n’étaient pas encore aux portes de Benghazi, et on parlait encore d’une possible victoire de l’opposition. A ce moment, Nicolas Sarkozy eut ce qui fut sans doute l’une des seules initiatives honorables de son quinquennat : cesser de reconnaître le régime de Kadhafi comme détenteur de l’autorité en Libye, et reconnaître le Conseil National de Transition de Benghazi comme seul interlocuteur.

Cette décision lui fut reprochée : parce qu’il se mêlait de ce qui ne le regarde pas, ou, pour certains, parce qu’il faisait le jeu de l’impérialisme – ou le pratiquait lui-même.

Son appel à des frappes en Libye (qui ne semblaient pas encore nécessaires à ce moment, les insurgés étant à mi-chemin entre Benghazi et Tripoli) a suscité une réaction majoritairement négative des français. Sans être partisan des frappes, du moins au moment où elles furent proposées, et encore moins d’une intervention terrestre, je ne trouve pas cette réaction saine, car elle repose sur plusieurs tendances du « bon sens populaire » assez contestables.

D’abord le « ce qui se passe en Libye ne nous concerne pas » est bien évidemment absurde. D’abord sur le plan étroitement matériel, ce pays fournisseur de pétrole, impliqué – pour notre déshonneur – dans la « gestion » européenne de l’immigration, et jadis dans le terrorisme international,  ce pays a un impact sur nous. Ensuite, parce que la notion de souveraineté que défend notre mouvement ne peut s’interpréter comme un absolu éliminant toute autre considération morale. La souveraineté est un instrument qui permet la démocratie (et l’Union Européenne ne respecte ni la souveraineté nationale, ni la démocratie, d’où la nécessité de la combattre). Mais utiliser la souveraineté pour protéger un dictateur – car c’est, à l’heure actuelle, vers ce scénario que l’on s’achemine si rien n’est fait par d’autres pays – est un dangereux contresens.

Non pas que, à l’instar de ce qui était prétendu par les partisans de la seconde guerre d’Irak, tout soit permis contre un dictateur, que toutes les guerres contre une dictature soient justes. Tout dépend du coût humain que l’on peut leur prévoir, du nombre de vies que l’on pense sauver (ce qui reste dans tous les cas des estimations difficiles à faire). Mais le contresens dans le refus d’une intervention est de le faire au nom de la « souveraineté des nations », alors que la souveraineté est indissociable de la liberté d’un peuple. Kadhafi confisque depuis 42 ans la liberté des libyens. S’il y a un ennemi de la souveraineté de la Libye, c’est Kadhafi en premier lieu, bien avant Sarkozy ou Obama.

Beaucoup – et c’est, dans le principe, une attitude plus respectable – se basent sur les expériences récentes d’Irak, d’Afghanistan, du Kosovo pour refuser toute ingérence. C’est malheureusement confondre plusieurs choses, à commencer par le fait qu’on n’envisage pas ici d’intervention terrestre (ce qui distingue des cas afghan et irakien). On peut toujours faire le parallèle avec les bombardements sur la Serbie en 1999. Mais ici, nous n’avons pas affaire au soulèvement d’une minorité ethnique dans une région spéciale, guidée par un mouvement de fanatiques tel que l’UCK. Il s’agit d’une révolte globale des libyens, peut-être –probablement pas - unanimes (sans quoi Kadhafi serait déjà tombé), mais d’une fraction significative et probablement majoritaire du peuple, dans plusieurs régions du pays, à l’Est comme à l’Ouest du pays. Il ne s’agit pas ici d’imposer une partition du pays, même s’il est vrai que son identité nationale semble précaire, minée par une structure tribale sur laquelle Kadhafi a su jouer depuis quatre décennies. Ici, il s’agit du renversement pur et simple d’un régime, et le dictateur n’aura donc aucune envie de négocier, contrairement aux serbes à Rambouillet en Mars 1999.

A ceux qui gémissent qu’après l’Irak, l’Afghanistan ou le Kosovo, on devrait définitivement abandonner toute idée « d’ingérence humanitaire », nous devons répondre qu’il ne s’agit là que d’une réaction simpliste, visant à s’exonérer de réfléchir au cas par cas, alors que traiter chaque cas différemment est la seule façon non extrémiste de faire de la politique. Ce n’est pas parce que Bernard-Henri Lévy a appelé tous les quatre matins à bombarder tel ou tel régime, de façon toujours sélective, qu’il faut adopter l’attitude inverse consistant à ne jamais intervenir, directement ou indirectement, nulle part et jamais. BHL ne mérite pas d’être le repère fondamental de nos décisions.

D’autres nous dirons qu’on ne sait pas grand-chose des insurgés, qu’ils seraient royalistes, islamistes ou que sait-on encore. Qu’il y ait des proches de l’ancien roi Idriss, renversé en 1969, que les révoltés aient repris le drapeau vert, noir et rouge de la monarchie…et alors ? Kadhafi n’est-il pas lui-même un monarque, officiellement sans mandat, ayant placé ses fils au sommet de l’Etat ? Et, en termes de démocratie, faut-il préférer Kadhafi à Juan Carlos d’Espagne ? Quant à la menace islamiste, faut-il rappeler que la Libye est déjà une république islamique, un pays où il ne fait pas bon abandonner la religion du Prophète ? Est-il sérieux de soupçonner les rebelles de représenter un risque terroriste quand on a le responsable de l’attentat de Lockerbie en face ?

On atteint, dans une fraction –heureusement fort minoritaire- de la gauche occidentale, des niveaux d’abjection complets lorsque certains prennent ouvertement la défense du Raïs, voyant en lui un « anti-impérialiste » (les tchadiens ont pu en juger dans les années 1970-1980…), d’autant qu’il est antisioniste et pro-palestinien (ce qui autorise donc Kadhafi à toutes les saletés, le conflit israélo-palestinien étant le centre de l’Univers et le seul étalon moral pour quelques résidus de la « gauche » malheureusement trop peu isolés).

Les rebelles libyens ont fait preuve d’un courage exemplaire. Leur défaite serait un message terrible pour les peuples qui tentent de renverser leurs oppresseurs, que ce soit à Bahreïn, au Yemen ou au Burkina Faso actuellement. Une intervention militaire terrestre des occidentaux serait sans doute une catastrophe. Les frappes aériennes ne sont pas nécessairement une bonne idée. Elles sont peut-être devenues inévitables pour empêcher une défaite imminente des rebelles. Mais si cela était vrai, cela ne serait le cas que parce que nous –France et Italie notamment- avons trop attendu – ou refusé d'agir – pour mettre en œuvre ce qui serait sans doute la seule solution viable pour sauver la rébellion tout en laissant les libyens maîtres de leur sort : livrer des armes aux insurgés de Benghazi. En masse. Au risque que l’aviation du régime libyen n’attaque nos convois, certes, mais les états européens ont les moyens de riposter, alors que nous ne les avons pas pour envahir la Libye – heureusement d’ailleurs.

La livraison d’armes aurait du commencer depuis des jours, voire des semaines, pour que les libyens en finissent au plus vite avec l’auteur du « Livre Vert », pour permettre de stabiliser les flux de réfugiés. On ne sait pas encore quel régime naitrait d’une victoire rebelle. Mais nous connaissons la nature du régime de Kadhafi depuis 42 ans.

Finissons cette tribune sur deux points. D’abord, l’inanité de l’Union Européenne comme rassemblement d’états engagés pour défendre la démocratie apparait – une fois de plus – au grand jour. L’UE ne respecte pas la démocratie pour les peuples membres, et se contrefout du sort des peuples voisins, malgré les déclarations de fins de sommets. Loin d’être une espérance, l’UE n’est qu’un conglomérat égoïste, et qui serait sans doute impérialiste, s’il en avait les moyens et une cohérence politique interne. Et, ultime point, les civils qui fuient la guerre et la répression, venus de Tunisie ou de Libye, doivent être reçus en Europe. Je tiens là à me démarquer des positions exprimées par Marine Le Pen ou certains membres de l’UMP. Cette vague migratoire - quelques milliers ou dizaines de milliers de personnes pour tout le continent européen – ne saurait être comparée avec le flux habituel de l’immigration, qui dépasse certainement le million d’individus annuels pour l’Europe. Les circonstances exceptionnelles de la venue de ces réfugiés font que nous ne pouvons nous cacher derrière un réflexe d’égoïsme et d’une prétendue incapacité d’accueil.

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 20:57

    Socialisme & souveraineté se réjouit de la fin des trente années de règne du dictateur égyptien, obtenue par la mobilisation massive du peuple d'Egypte... et concédée par l'armée. Qui avait visiblement préparé un peu l'évènement, avec feux d'artifice inclus :

 

Place Tahrir, au Caire, occupée depuis plusieurs semaines par les manifestants

 

 

Le suivi des évènements sur le site du Parisien

 

 

   Il s'en est quand même trouvé un pour féliciter Moubarak. Et ce fut Nicolas Sarkozy, qui vit dans cette démission une démarche "courageuse" et "nécessaire". Sous entendu : mesdames et messieurs les égyptiens, vous pourriez remercier Moubarak, car il aurait pu, s'il avait été vraiment méchant, vous opprimer plus longtemps.

 

   Décidément, on ne refait pas la politique arabe de l'Elysée.

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