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A l’écoute de cette entrevue de Claude Allègre pour l’émission « l’objet du scandale », et sans pour autant souscrire à tout ce qui est dit, je suis malgré tout confirmé dans mon idée qu’il existe bel et bien, schématiquement, deux optiques radicalement différentes pour envisager les problèmes écologiques.
La première consiste à appliquer les solutions proposées par les Verts, Nicolas Hulot et Al Gore, à savoir principalement une modification des comportements du citoyen. L’idée est de culpabiliser les gens, leur faire la leçon, et leur expliquer qu’ils devront prendre moins de douches, ne plus acheter de produits sous emballages, ne plus conduire de voitures, et veiller absolument à couper le robinet d’eau quand ils se lavent les dents.
Une publicité, ou plutôt devrais-je dire, un spot de propagande dans ce sens fut récemment diffusé à la télévision. Il montrait un enfant jetant un regard inquisiteur sur son père, seulement parce que celui-ci avait eu le malheur, au passage en caisse, de mettre ses courses dans un sac en plastique.
Cette image stalinienne des enfants faisant la police à leurs parents, (qui nous rapproche d’une certaine façon des délires des psychologues féministes réclamant l’interdiction de la fessée : on imagine les enfants se rendre chez les flics pour porter plainte !), est révélatrice et inquiétante.
Cette solution de flicage et de culpabilisation est donc celle mise en avant par les médias. Elle est désormais assez bien incorporée à l’idéologie dominante.
Et pour expliquer cette incorporation à la pensée dominante, pourtant contradictoire avec l’essence de la société de consommation, qui au contraire prône l’achat compulsif et la culture du jetable, certains l’évoquent comme une conséquence de la crise économique. En effet, dans l’optique de justifier la dégradation de la consommation, le pouvoir se serait converti à l’écologie dans le but de faire passer la pilule de l’entrée progressive de la société dans une phase de restrictions et de pénurie. C’est ce qu’affirme Eric Zemmour, évoquant à ce sujet une sorte « d’alibi ».
On imagine facilement les extrêmes que pourraient engendrer le caractère autoritaire de cette pensée. En effet, une fois la majorité de la population « sensibilisée » à l’écologie, il sera bien plus facile de justifier des mesures injustes de prohibition, style restrictions permanentes d’eau, de rationnement, d’interdictions de divers produits et de pratiques.
Par exemple, afin de définitivement achever la convivialité dans les bars et les cafés, on parle désormais d’interdire la cigarette même sur les terrasses, où cela ne gène pourtant personne, prétextant que l’utilisation de chauffages extérieurs ne serait pas « écologique ».
Heureusement, il existe une optique moins fascisante pour essayer de répondre aux problèmes écologiques de notre siècle.
La première solution, et qui se trouve être, selon moi, la véritable et sérieuse solution, est avant tout la diminution progressive de la population mondiale. Plutôt que de vivre dans 50 ans à 9 ou 12 milliards sur une planète qui ne peut pas supporter autant de monde, et de restreindre de manière autoritaire les comportements des populations, mieux vaut faire en sorte que soit accomplie définitivement, au cours du XXI siècle, une transition démographique globale. Les pays développés ont tous effectué cette transition, ne voyant leurs populations n’augmenter finalement, que par le biais des phénomènes migratoires.
Claude Allègre à donc tout à fait raison sur ce point. Néanmoins, lorsqu’il évoque les manières de réduire la natalité, il parle « d’éduquer les femmes » dans les pays en voie de développement. Je n’apprécie pas trop ce type de discours, par parenthèses, car il implique en arrière-plan un risque d’interprétation allant dans le sens du droit d’ingérence (en gros, « agir pour la planète » sera un prétexte supplémentaire aux mains des grandes puissances pour intervenir dans les affaires intérieures de petits pays rebelles).
Par conséquent, certes il faut que les Etats des pays en voie de développement prennent des mesures, mais nous n’avons pas à leurs donner de leçons. Après tout, nous avons mis du temps, nous aussi, à accomplir notre transition démographique.
D’autre part, je pense qu’il faut laisser une chance aux innovations technologiques, et ne pas chercher son salut vers un retour au moyen âge, où l’on ne vivait pas mieux. Certes, aujourd’hui nous avons les ondes des téléphones, et celles de toutes sortes d’appareils qui, potentiellement, peuvent s’avérer néfastes à la santé sur le long terme. Nous avons l’aspartame et les déchets nucléaires. Mais au Moyen-Âge, une simple appendicite n’entraînait-elle pas un taux de mortalité de 100 % ? Il s’agit donc de trouver une réponse technologique aux problèmes.
Un exemple est celui des voitures. Prôner la disparition progressive et totale de ce mode de locomotion serait une régression terrible. Combien de personnes, comme celles qui sont âgées par exemple, oseraient-t-elles encore sortir de chez elles, si seuls les bus et les trains existaient ? Si leurs petits enfants ne pouvaient pas les conduire ?
Et qu’en est t-il de la liberté de circulation dans tout cela ? Qu’en est t-il de ceux, les travailleurs, qui parfois ne peuvent pas faire autrement ?
Il faut donc une réponse innovante, c'est-à-dire des voitures fonctionnant par un autre combustible que l’essence, et donc une avancée technologique plutôt que d’un retour en arrière.
Changement démographique et innovations technologiques : Voilà donc les deux axes qui permettront à l’espèce humaine, selon moi, de se pérenniser sur la planète bleue sans sombrer dans l’autoritarisme, la pénurie et la misère.
Et il est clair que Claude Allègre à parfaitement raison sur un point : l’écologie est une idéologie comme une autre, dans la mesure où des interprétations fanatiques et obscurantistes de celle-ci, engendrerons comme pour les autres des dérives fascisantes. Surtout quant cette idéologie se trouve momentanément l’alliée d’un capitalisme déstabilisé.
Florent