Bernard Thibault ne veut pas nous consulter

Cette vidéo date d’il y a bientôt quatre semaines. L’ayant découverte récemment, nous la postons afin de commenter certains propos que Bernard Thibault a tenu avant la manifestation du 23 Septembre. Beaucoup de choses ont évolué depuis lors, moins dans le nombre de manifestants que dans les modes d’actions.

Dans cet entretien, Bernard Thibault, à partir de 4 minutes écoulées, se met à énoncer des choses très intéressantes.

D’abord sur l’idée d’un référendum pour décider de la réforme des retraites, idée avancée par le Parti  Socialiste, le secrétaire de la CGT s’oppose radicalement. Les raisons invoquées ? D’abord, un tel référendum ne concernerait pas tout le monde, puisque c’est principalement du régime de retraite des salariés (plus de 80% de la population active quand même) qu’il est question. Et un référendum convierait l’ensemble des citoyens, y compris des chefs d’entreprise, des professions libérales, des agriculteurs ou retraités agricoles…Ce qui semble inacceptable pour Thibault. Or c’est son argument qui nous fait bondir : si le régime des salariés devait, faute d’une réforme intelligente, engendrer une dette monstrueuse, qui devrait sans doute être assumée par l’Etat au final, l’ensemble des contribuables seraient concernés. Thibault va même jusqu’à vouloir rétablir l’interdiction de vote pour raison d’opinion, sous prétexte que des retraités pensent qu’il est bon de repousser l’âge du départ en retraite pour les générations qui les suivent.

Loin de nous l’idée de féliciter le Parti Socialiste pour ses positions générales, mais l’idée du référendum serait pourtant à prendre en considération. Un tel référendum, si l’idée était acceptée (on peut rêver, puisque ce serait un choix suicidaire, non pour Sarkozy qui semble déjà politiquement grillé, mais pour l’UMP) mettrait fin à la situation de blocage qui s’est étendue sur notre pays. Et ce serait également l’occasion d’un véritable débat sur une réforme alternative des retraites.

Le deuxième argument de Thibault est que le référendum, ça se fait dans la rue. Et c’est encore plus hallucinant que le premier argument : un référendum réservé à ceux qui peuvent se déplacer – ce qui est devenu de plus en plus difficile ces derniers jours – et où le nombre total de participants est impossible à déterminer, avec des variations de 1 à 3 entre les estimations de la police et celles des syndicats, et même de 1 à 10 dans le cas marseillais….

Si des étrangers francophones de passage en France voulaient un cours de démocratie version CGT, voilà qui était fait en deux minutes.

Dans la minute qui suit, la dernière de l’entretien, Bernard Thibault énonce qu’il s’oppose au mot d’ordre de grève générale. Parce que ce n’est pas ce que veulent les salariés dans les entreprises, dit-il. Et bien s’il compte les voix de la même manière que FO dans les manifs, rien n’est sûr…Et qu’avons-nous vu dans les quatre semaines qui ont suivi ? Des grèves reconductibles, qui, à défaut d’être générales, n’engagent pas moins tout le pays, où essayer de faire 400 kilomètres va devenir une aventure.

En conclusion, loin de nous l’idée de contester la mobilisation contre la réforme sarkozyste. L’idée même de grève n’est pas pour nous déplaire, mais l’important pour nous est la représentativité démocratique. Et si le dialogue n’est pas le fort du gouvernement,  la démocratie n’est visiblement pas dans les traditions de certains syndicalistes français.