Mon vrai de vrai nom (enfin à vous d’y croire ou non) est Pablito. Mon âge est…enfin non, n’en parlons pas…bon allez, autour du quart de siècle.
Mon existence donne raison aux marxistes sur un point : la dialectique. Dans ma famille, des gens sont passés de soixante-huitards à déçus du mitterandisme, puis électeurs RPR, voire FN. J’ai été moi-même plutôt de drouate dans ma prime adolescence, avant de devenir gôchiste dans mon adolescence tardive. Quand, le 21 Avril 2002, je vois la tronche de Le Pen apparaître aux cotés de celle de Chirac à 20 heures, je brandis le poing et chante « Hasta Siempre ! » et crie « No pasaran ! ». Et je manifestai pour que les abstentionnistes ne laissent pas les bulletins chiraquiens dans les urnes seuls face aux bulletins lepénistes. De peur qu’ils ne s’allient. Huit ans après, j’aurais plutôt tendance à rire si je revoyais le même spectacle télévisé. Mais pour l’époque, je restais fermement gôchiste, jusqu’à ce que j’encaisse quelques solides baffes en forum face à des libéraux. Des libéraux cons, certes, mais les gauchistes le sont encore plus, et j’étais un très bon gauchiste à l’époque. Je ne devins pas libéral, mais compris que les questions économiques étaient un peu plus complexes que ce qu’en disaient Charlie Hebdo ou Rouge. J’essayais de faire partager ce sentiment en expliquant par exemple à des militants LCR l’importance de réduire les gaspillages publics, ce qui revenait à peu près à apprendre à une baleine à voler.
Finalement, après avoir confié mes premiers bulletins de vote au facteur de Neuilly, je réalisai que j’avais gâché ma première fois, lorsqu’en 2004, je vis que cela ne donnait rien, et qu’en plus ledit postier s’en foutait pas mal, en fait, tout comme Papa Krivine. Alors je me reportais sur le PCF, car plus que gôchiste j’étais communiste, et en plus de cela patriote, partisan du socialisme dans un seul pays et selon la volonté du pays. Stal, patriote, donc rouge-brun, national-socialiste…si vous venez de faire ces amalgames, demandez-vous si c’est pour rire, ce qui serait normal, ou si vous le pensez réellement, auquel cas je crois qu’une greffe de neurones sera nécessaire. Je n’ai jamais été stalinien, ait toujours reconnu les méfaits de masse et l’ineptie du régime économique mis en place dans les régimes à l’Est du « Rideau de Fer ».
Mais j’ai une fâcheuse habitude de dire que ce n’est pas parce qu’une version d’un projet a échoué qu’une variante nettement modifiée ne réussira pas. Le socialisme sur lequel je mise ne peut être qu’issu des urnes (ce pourquoi je suis assez psychorigide sur le respect des résultats électoraux, même quand ils me déplaisent, contrairement à d’autres qui n’hésitent pas à exiger la fin d’un gouvernement dès que ses sondages sont dans le rouge), et n’inclut pas la planification. Je sais déjà que les libéraux de France, de Navarre, de tout l’espace plus ou moins francophone et ceux à qui on aurait fait la traduction de ce texte se bidonnent déjà, sur l’air de : « Ooeh, l’autre, il croit encore en ‘l’autre socialisme’ ». Ouais, comme vous-mêmes expliquez que la crise financière de 2007-2008-et-après n’a rien à voir avec le libéralisme, voyons, que ces USA jadis vantés pour leur réussite libérale n’étaient en fait pas si libéraux que ça, et que cette crise a eu lieu parce qu’on n’avait pas le vrai de vrai libéralisme.
Où en étais-je dans ma biographie ? A mon ralliement au PCF après 2004. Ben ça a duré depuis, et je suis en cours de divorce. Avec l’avantage qu’il n’y a pas d’enfants, donc pas de garde à se partager (en même temps, avoir des enfants avec le PCF, vu son âge, bon hein…). Divorce par consentement mutuel, et aussi pour faute de ma part, en raison de mes infidélités au PCF commises avec le patriotisme. Non pas que le PCF ne soit pas patriote, loin de là. Mais il est le fervent défenseur d’un pays qui selon lui est apparu en 1789 puis né une deuxième fois (la France serait donc born again ?) en 1945. Sans oublier que de temps à autres le patriote PCF situait parfois la France qu’il chérissait à Moscou – petite pique gratuite et sans mauvais esprit, l’anticommunisme n’est vraiment pas le genre de la maison. Le patriotisme avec lequel la faute eut lieu a plutôt tendance à considérer que la France a dix à douze siècles d’histoire, qu’elle n’est pas qu’une terre de migration, qu’elle a quand même une identité culturelle historique dont je ne définirai pas dans cet article les traits essentiels, des fois que je me prendrais des balles Sopo-rifiques de SOS-racisme ou qu’Aounit viendrait me mettre des coups de MRAPière. Cette France, on l’aime ou pas, on la quitte si on veut, mais j’ai tendance à penser que le nombre de gens qui préfèrent y rester ou y venir reste un peu supérieur aux armées d’héroïques résistants qui rendent leur carte d’identité en raison de leur « honte d’être français », leur honte de vivre dans un pays « raciste », moisi, rance et "nauséabond".
Je ne suis pas « fier » d’être français. Je le suis, point barre. Donc je défends ce pays. J’ai une patrie, comme en ont les prolétaires, n’en déplaise à Karl.