Ce soir, dans le cadre des 1/4 de finale de la Coupe de l'UEFA, le PSG accueille le club ukrainien (ex-soviétique) du Dynamo Kiev (20h45, en direct sur M6). Le match retour aura lieu une semaine (ou 15 jours) plus tard à Kiev.
Au moment du tirage au sort, tous les incultes footballistiques (ou "footix") se réjouissaient bruyamment en déclarant que les chèvres du PSG s'en sortaient bien et en dévalorisant leur futur adversaire.
Il faut dire que nous vivons à une époque de grande inculture : que ce soit en matière footballistique, historique ou encore politique, nous voyons partout des parfaits couillons étaler leur médiocrité avec l'aplomb des gens sûrs d'eux et incapables de se remettre jamais en cause (même en leur alignant 10 arguments dans la gueule, qu'ils préfèrent balayer d'un revers de la main en bons crétins moderno-obscurantistes parfaitement conditionnés qu'ils sont). Bref !
Il est pour moi évident que même sur le niveau actuel des deux clubs, les chances de qualification du PSG sont nulles.
C'est ainsi que j'annonce d'or et deja, avant que les deux matchs ne soient joués (évidemment, le dire après serait pour le moins facile), la qualification du Dynamo Kiev pour les demi-finales de la Coupe UEFA. Ca ne fait pas l'ombre d'un doute pour un fin connaisseur comme moi.
Pourtant, le fait que le Dynamo Kiev n'a plus grand chose à voir avec le club légendaire de jadis pourrait me faire hésiter. Car c'est bien pour cela que je fais ce petit sujet (aussi parce que je n'ai rien à dire, j'en conviens), et pas tant pour parler de ce match et encore moins du PSG-Canal+ qui n'a jamais rien représenté dans l'histoire du ballon rond.
C'est à Kiev , dans le club du Dynamo, qu'un homme qui deviendra par la suite le chef du football soviétique inventa un football révolutionnaire que nous pouvons qualifier de "football scientifique".
Cet homme souriant (ici en photo) décédé depuis quelques années est Valeri Lobanovski.
Son système reposait tout d'abord sur un axiome simple : tous les efforts devaient aller à la formation (politique aujourd'hui largement abandonnée par ce club, qui recrute toujours davantage de joueurs à l'étranger).
Deuxième point central du "système Lobanovski", une rigueur extrême lors des entrainements et des matchs, des exigences toujours plus grandes au point qu'il était bien souvent considèré comme un despote.
Pour Lobanovski, les individualités n'étaient rien et le collectif était tout. Il considérait les joueurs comme des robots qui n'avaient qu'à appliquer bêtement les tâches qui leurs étaient données, sans réfléchir et sans faire preuve de la moindre indiscipline et fantaisie (genre dribbles superflus à la tapette brésilienne).
C'est en s'appuyant sur ce système draconien que Lobanovski a pu parfaitement mettre en place une tactique révolutionnaire : pas de libéro, deux quatuors en ligne pour former une équipe compacte qui s'appuyait donc avant tout sur sa force collective, tout en bénéficiant tout de même (il faut l'avouer) de quelques éclairs de génies de joueurs plus doués que la moyenne, par exemple et selon les époques Oleg Blokhine, Igor Belanov, Alexandr Zavarov ou plus proche de nous Andrei Chevtchenko (qui est depuis allé monnayer ses talents en Occident).
Tactique révolutionnaire qui apporta de nombreux succès au Dynamo Kiev de Lobanovski qui remporta sous sa tutelle de fer 8 titres de champions d'URSS (damnant ainsi le pion aux clubs de Moscou) mais aussi deux Coupes d'Europe (deux Coupes des Coupes en 1975 et 1986), et qui en faisait une équipe particulièrement redoutée dans toute l'Europe notamment au cours des années 70 : c'est ainsi par exemple qu'en 1976, il faudra un authentique exploit des Verts de Saint-Etienne (qui atteindront la finale, en étant battus injustement par le Bayern Munich) pour éliminer cette équipe, cette élimination de Kiev est d'ailleurs considérée encore aujourd'hui par tous ceux qui s'y connaissent en foot (c'est à dire pas grand monde) comme l'un des plus grands exploits d'un club français en compétition européenne. Encore en 1999, le Dynamo Kiev avec à sa tête le même Valeri Lobanovski atteindra les demi-finales de la Ligue des Champions (éliminé de manière assez injuste également par le Bayern Munich) en restant fidèle au même football scientifique et collectiviste.
Aujourd'hui, Lobanovski n'est plus là, le Dynamo Kiev n'est plus que l'ombre de l'équipe qu'il dirigea, son système de jeu a largement été abandonné et le club s'est largement ouvert au recrutement de joueurs étrangers.
De toute façon, c'est tous les styles de jeu qui ont disparu. Par exemple, il était courant de parler de "jeu à l'anglaise" mais ça n'existe plus. Par les transferts massifs de joueurs, par le pognon et le business, la diversité des styles de jeu a disparu. On pouvait aussi parler d'un "jeu à la nantaise", aujourd'hui on ne voit pas bien ce que c'est à moins que ça consiste à prendre branlée sur branlée à tous les matchs.
Même un Dynamo Kiev dénaturé est supérieur à un PSG. Leur niveau actuel sera largement suffisant pour éliminer le PSG-Canal+, club sans âme, sans légende, club de bobos, de racailles et de skins, club soutenu par Patrick Bruel.