Je cultive un grand défaut depuis toujours, c'est que je ne lis pas beaucoup.
Quand j'étais jeune (c'est à dire avant ma majorité), je ne lisais absolument rien à part quelques bandes dessinées, parmi lesquelles les Schtroumpfs (qui sont comme chacun sait communistes) et les aventures de Tintin (qui est comme chacun sait fasciste, l'auteur des aventures Hergé était en effet un facho).
En fait, c'est sans doute pour cela que je suis considéré (à tort) comme un "rouge-brun" : mon idéologie s'est forgée à la lumière de la lecture des Shtroumpfs communistes et du Tintin fasciste.
Mon peu de lectures sérieuses explique pour une grande part le fait que j'ai une culture très moyenne - mais aujourd'hui avoir une culture très moyenne suffit à être au dessus de la moyenne dans la mesure où tout le monde considère qu'avoir de la culture ne sert à rien (on m'a toujours expliqué que la culture était inutile car ça ne permet pas de gagner de l'argent et de passer à la télé.....sauf évidemment si on est un génie comme BHL) - , un vocabulaire limité et une expression écrite laborieuse.
Depuis ma majorité c'est à dire depuis que je ne suis plus jeune, je lis certes un peu plus mais ce n'est pas le Pérou.....Une de mes bonnes résolutions pour l'année 2009 devrait être certainement de perdre beaucoup moins de temps à écrire des conneries sur ce blog pour me consacrer davantage à la lecture. Car il me semble que pour avoir des choses intéressantes à dire, il faut tout de même un minimum de connaissances. Il est vrai que l'une des grandes modes de nos jours est de parler comme un spécialiste de sujets que l'on ne connait pas ou peu.
Ma faible assiduité à la lecture ne m'a cependant pas empêché de m'intéresser de loin à l'oeuvre du philosophe grec Platon.
Je n'y ai pas compris grand chose, sauf qu'il voulait construire une société idéale qui bannira la musique et les arts, interdira la propriété privée et mettra en commun les femmes et les enfants, ce qui est un programme politique intéressant qui pourrait être proposé aux suffrages des Français et être appliqué démocratiquement si jamais il recueillait la majorité des voix.
J'ai aussi compris que Platon, dans sa desciption du politique, opposait le sophiste et le vrai politicien. Un sophiste, c'est quoi ? Un vrai politicien, c'est quoi ?
Pour Platon, un sophiste est un démagogue qui cherche à avoir raison à tout prix, à terrasser son adversaire par des formules brillantes mais fallacieuses, à emporter l'adhésion du peuple ou de l'auditoire par des formules flatteuses. Et le vrai politicien, c'est exactement l'inverse, il pratique un échange bienveillant, accepte les idées contradictoires et n'utilise jamais la violence ni dans ses mots, ni dans ses actes.
Cette thèse de Platon est intéressante car si on considère qu'il a raison, alors ça voudrait dire qu'il n'y a aucun vrai politicien dans la France du XXIème siècle.
Si on en croit Platon, un vrai politicien par définition ouvert aux idées contradictoires devrait donc pouvoir admettre - même s'il se doit évidemment d'avoir sa propre opinion - que le capitalisme n'est pas le seul système possible et qu'une alternative portant le nom de "Socialisme" est envisageable, que la construction européenne n'est pas quelque chose d'obligatoire et qu'il est donc possible de vouloir que la France sorte de l'UE, que la civilisation occidentale ne doit pas avoir nécessairement pour but d'apporter la "démocratie" et la "liberté" en Afghanistan et de lutter contre les barbares talibans car on peut considérer que le barbare est d'abord celui qui croit en la barbarie ou que (pour continuer dans les expressions et autres proverbes) vérité au-decà des Pyrénées peut-être erreur au-delà......Voila qui élimine deja beaucoup de monde de la catégorie des vrais politiciens.
Un vrai politicien ne devrait pas utiliser les "petites phrases" pour essayer de discréditer ses adversaires....or nous constatons qu'à l'heure des médias télévisuels, les débats d'idées ont disparu (pour des raisons de temps, de sensationnalisme,....) pour laisser totalement leur place aux formules brillantes mais fallacieuses cherchant à terrasser son adversaire.
Un vrai politicien ne devrait pas promettre tout et son contraire à toutes les catégories de la population lors d'une élection dans le but d'obtenir des suffrages mais devrait plutot dire (par exemple) : "Nous allons essayer de construire une société plus juste, plus fraternelle, plus prospère.....mais nous ne promettons rien. Il est possible que si notre programme est appliqué, les résultats ne seront pas à la hauteur des espérances et si tel est le cas, nous annulerons alors toutes nos réformes, nous démissionnerons, nous arrêterons définitivement la politique pour nous consacrer uniquement à la cueillette des champignons et à l'élevage de chèvres dans le Larzac".
Aujourd'hui - et ceci vaut autant pour ceux qui représenteraient le "Système" que pour ceux qui prétendent combattre le "Système" - nous sommes obligés de constater que les vrais politiciens n'existent plus.
Partout fleurissent les bourrins et les sophistes sûrs d'eux qui pensent tout savoir sur tout et qui ne se remettent jamais en cause. Et si je m'inclus en partie dans la catégorie des bourrins et des sophistes, je pense l'être cependant beaucoup moins que d'autres par le simple fait que j'en ai conscience.
Aussi, prenez exemple sur moi en cultivant deux principes qui ne sont guère en vogue de nos jours :
LA MODESTIE ET LE DOUTE
Nous vivons vraiment à une époque de cons.