Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 01:26

 Tribune libre de Julien B., datant d'avant la création de Socialisme & Souveraineté

 

François-Marie Arouet, plus connu sous le pseudonyme de Voltaire, est souvent considéré comme un grand philosophe des Lumières. Il convient justement de faire toute la lumière sur ce personnage détestable qui si il vivait de nos jours serait sans aucun doute un jet-setteur (c'est à dire un BHL) et dont la fameuse expression ridicule "je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire" suffit à résumer la nullité (plus bobo que ça, tu meurs).


Voltaire sous des airs faussement progressistes était un gros bourgeois qui ne voulait surtout pas que l'on touche à ses privilèges et qui voulait se vautrer dans le luxe.


Ce Monsieur Voltaire, qui comme toute raclure de salon qui se respecte possédait des serviteurs, avait un rapport ambigu à la religion catholique. Si d'un coté il voulait combattre sa morale qui empêchait les bourgeois de son acabit de se vautrer totalement dans le luxe, il reconnaissait par ailleurs que la religion avait un intérêt social évident : "Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer. Je veux que mon procureur, mon tailleur, mes valets croient en Dieu; et je m'imagine que j'en serais moins volé." C'est ainsi logiquement que Voltaire ne souhaitait pas que ses amis philosophes et athées soutiennent leurs thèses anti-catholiques à table devant ses valets.


Dans son poème Le Mondain (1736), le jet-setteur Voltaire écrit :


"J'aime le luxe, et même la molesse,

Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,

La propreté, le goût, les ornements :

Tout honnête homme a de tels sentiments

Le superflu, chose très nécessaire,

a réuni l'un et l'autre hémisphère."


BHL-Voltaire estimait, de manière moins poétique, que "dans un royaume rempli de manufactures, vouloir diminuer le luxe, c'est diminuer l'industrie et la circulation. Le luxe général est la marque infaillible d'un empire puissant et respectable. Il a également une valeur civilisatrice, en favorisant le commerce et la circulation des biens qui ne va pas sans celle des idées."


On remarque que chez ce "Paris Hilton de la philosophie des Lumières", la défense du luxe va de pair avec celle des échanges, de la mondialisation et de la mission civilisatrice (car Voltaire, raciste, en phase avec son époque comme tout bobo qui se respecte, a souvent exprimé sa haine des africains et pensait que les blancs devaient les civiliser).


Heureusement, face à lui, pour améliorer un peu le niveau et sauver un honneur sérieusement ébréché, on retrouvait ce bon Jean-Jacques Rousseau qui dans le "Discours sur les sciences et les arts" (1750) entend combattre le luxe qui "est né de l'oisiveté et de la vanité des hommes". Rousseau propose d'appliquer des lois somptuaires pour interdire le luxe, comme en faisait Caton l'Ancien dans la Rome Antique.


La où Rousseau met en avant des valeurs morales - le Juste et le Bien - pour expliquer son opposition au luxe, Voltaire utilise essentiellement des arguments économiques.


Aujourd'hui, la vision de Voltaire l'a (espérons provisoirement) emporté sur celle de Rousseau, le luxe est omniprésent et ces sous-hommes de riches parasites arrogants  étalent toujours plus leur richesse et ses signes extérieurs.


La vision voltairienne l'a emporté jusque dans la nature des arguments utilisés. Nous voyons en effet bien de nos jours que l'ensemble de la classe politique du Système, de l'extrème-droite à l'extrème-gauche (de Marine Le Pen à Olivier Besancenot), met continuellement en avant des arguments économiques (l'économie prime sur tout) et ne se réfère plus du tout (ou alors pour le fun, pour faire joli) à des valeurs morales supérieures.


En parlant de luxe, je ne peux terminer sans évoquer en vitesse l'attentat contre un hotel 5 étoiles à Islamabad au Pakistan. Pour une fois, les islamistes n'ont pas visé des quartiers populaires mais un hotel de luxe, c'est un progrès. Car pour séjourner dans un hôtel de luxe 5 étoiles (où il vous faudra débourser minimum 1 000 euros pour une nuit dans une "chambre standart"), il faut vraiment être un riche doublé d'une ordure sans principes. BHL-Voltaire aurait pu y séjourner, les journalistes du Système aussi ce qui permet de mieux comprendre pourquoi ils semblent tant affectés (alors que moi ça m'indiffère car je ne mettrai jamais les pieds dans un hotel 5 étoiles, c'est la meilleure façon d'éviter de prendre une bombe sur la gueule).

Partager cet article
Repost0

commentaires

B
<br /> <br /> J'imagine bien Voltaire de nos jours, à la pointe de tous les "combats" d'avant-garde, et prendre son avion pour aller à Benghazi ou à Sarajevo. Mais je<br /> n'irai pas jusqu'à le comparer à BHL. Il y a du style chez Voltaire, un esprit classique, au sens artistique et littéraire. Il n'y a rien chez bhl, si ce n'est une tartufferie<br /> monumentale.<br /> <br /> <br /> Mais face à Voltaire, pas davantage Rousseau, cet avant-goût d'esprit post-moderne, cette "tarentule morale", pour paraphraser Nietzsche.<br /> Finalement, plutôt De Maistre!<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
T
<br /> <br /> Mec!<br /> <br /> <br /> Change pas t'as tout compris à Voltaire, toi!<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> Non, le niveau de diplome ne fait pas l'intellectuel. Et s'il fallait vraiment rattacher le titre d'intellectuel à un parcours scolaire, il faudrait l'attribuer à des titulaires de doctorats ou à<br /> des élèves de grandes écoles (les maitrises aujourd'hui ils les donnent).<br /> <br /> <br />
Répondre
O
<br /> Je viens de (re)voir à quel point tu opposes fortement Voltaire à Rousseau, et à juste titre!<br /> <br /> Rousseau s'est élevé contre une civilisation fondée sur les biens matériels et le luxe, et il a critiqué même l'effet selon lui néfaste du progrès des sciences et surtout de la culture en général.<br /> Et au bout d'un certain moment, cela a provoqué la fureur de Voltaire, qui voyait en Rousseau un ennemi du progrès et des philosophes, un traître, surtout après que Rousseau soit intervenu pour<br /> plaider contre la création d'un théâtre à Genève, projet de... Voltaire, qui de façon générale supportait très mal qu'on le heurte de front dans ses convictions les plus fortes, tout en prônant la<br /> tolérance religieuse!<br /> <br /> Plus tard, c'est la pensée cette fois sociale et "démocrate" de Rousseau qui influencera particulièrement les responsables les plus radicaux de la Révolution, Robespierre en tête.<br /> <br /> Au-delà de la situation sociale et du mode de vie différents des deux personnages, ce sont deux visions du monde et plus spécialement de la société et des valeurs morales qui s'opposent: Voltaire<br /> croit en un perfectionnement progressif de la condition humaine par les progrès matériels et le raffinement culturel, pensant par ailleurs que la nature humaine ne pourra guère être modifiée en<br /> profondeur et que la grande masse ignorante est faite pour le rester et devra toujours être tenue en bride par une classse aisée et cultivée, la bourgeoisie en l'occurrence. Notons qu'à<br /> peine un siècle avant, Molière trouvait encore tout naturel que seule la Noblesse ait accès à la connaissance , à la culture et au raffinement, ridiculisant les prétentions de<br /> certains bourgeois dans ce domaine par sa pièce "Le Bourgeois Gentilhomme".<br /> Rousseau lui, pensait que tout homme est né naturellement bon et que c'est la Société ,avec son luxe et ses inégalités, qui le pervertissent et le corrompent, reprenant à son compte<br /> le mythe du "bon sauvage". En toute logique, il en déduisait que s'il était inenvisageable "hélas" de retourner à l'état primitif, il convenait du moins de prôner et d'encourager la plus grande<br /> simplicité de moeurs et la plus grande frugalité possibles pour se rapprocher au moins de ce qu'il estimait avoir été les vertus des austères Romains du début de la République. Le choc entre<br /> deux conceptions aussi diamétralement opposées était inévitable, et jusqu'à la fin de sa vie, Voltaire a poursuivi Rousseau d'une haine inexpiable, réussissant à lui causer des torts tout à fait<br /> concrets grâce à son influence...<br /> <br /> Je conclus en donnant un petit aperçu des débuts de l'affrontement, où le duel est encore conduit à fleurets mouchetés ce qui ne sera bientôt plus le cas; ce sera l'occasion de donner du même coup<br /> une idée de l'esprit et de l'ironie sarcastique qui vibrent dans le style de Voltaire, et dont on ne peut pas même imaginer en rêve qu'un nain intellectuel comme BHL aurait été capable<br /> d'approcher:<br /> <br /> "J'ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en remercie. Vous plairez aux hommes, à qui vous dites leurs vérités, mais vous ne les corrigerez pas. On ne peut peindre<br /> avec des couleurs plus fortes les horreurs de la société humaine, dont notre ignorance et notre faiblesse se promettent tant de consolations. On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous<br /> rendre bêtes; il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est<br /> impossible de la reprendre, et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi..."<br /> <br /> EXtrait d'une lettre de Voltaire à Rousseau publiéeen 1755.<br /> <br /> <br />
Répondre
O
<br /> Julien, si je n'hallucine pas encore, tu as une maîtrise d'économie, tu es donc un intellectuel. Au risque de provoquer ton ire, je suis obligé de donner grosso modo raison à Michael:<br /> On ne peut pas comparer deux personnages, l'un du XVIIIème, l'autre du XXème siècle, sans tenir le plus grand compte de la différence de contexte social et cuturel.<br /> Quand Goethe a écrit qu'"avec Voltaire, c'est un monde qui finit, avec Rousseau, un monde qui commence", il ne faisait d'ailleurs allusion qu'au "romantisme" du second, qui allait avoir beaucoup<br /> d'émules, à commencer par lui Goethe, "romantique" à ses débuts notamment dans "Werther..", tandis que le classicisme de la raison "froide" avait brillé selon lui pour la dernière fois avec un<br /> Voltaire.<br /> Mais pour ce qui est de l'apport de nouvelles valeurs, dont celle de l'esprit critique et de la tolérance, Voltaire a été avec les Encyclopédistes regroupés autour de Diderot et qu'il combattait<br /> sur d'autres points dont leur tendance à l'athéisme quasi déclaré, le pionnier d'un esprit nouveau, de valeurs nouvelles, qu'on désigne pour simplifier les choses par le terme de<br /> "Lumières".<br /> Et toute l'Europe intellectuelle à l'exception des milieux ecclésiastiques et pour cause, le vénérait et le fréquentait pour cela. Ce fut une époque où la France était à la pointe de la culture<br /> européenne, Voltaire a été invité à la Cour de FrédéricII, Diderot à celle de Catherine de Russie.<br /> Mais Voltaire n'a pas fait qu'écrire: il a pris de gros risques en jetant toutes ses forces dans une bataille pour la réhabilitation de Calas et d'autres victimes du fanatisme religieux.<br /> Ses tragédies dont il était si fier sont tombées dans l'oubli pour l'essentiel, mais ses Contes restent un régal inégalable pour l'esprit par leur drôlerie et leur ironie à visée satirique; son<br /> style pétillant, clair et incisif est resté à cet égard une des merveilles majeures de la littérature française. Si dans trois siècles la France existe encore, on lira encore<br /> Voltaire alors que le nom même de BHL sera oublié.<br /> Comparer les deux ne tient vraiment pas la route et pour être tout à fait franc, cela ressemble même à un bien piètre gag . Pas seulement à cause du style, je suppose que tu as lu<br /> ailleurs ce que je pense de l'importance de BHL. Laissons peut-être les bobos avec les bobos, sans leur faire l'honneur de leur donner comme ancêtres Montaigne, Pascal, Montesquieu, Voltaire,<br /> Diderot, Rousseau ou Victor Hugo, tu ne crois pas que ça vaudrait mieux?<br /> <br /> Oui, Voltaire était un grand bourgeois, en comparaison de Rousseau par exemple, avec ses préjugés et ses petitesses; il méprisait le peuple, qu'il appelait "la racaille". Il souhaitait que seul les<br /> esprits éclairés, c'est- à- dire dans son esprit à lui les grands bourgeois et potentiellement la moyenne bourgeoisie mais surtout pas les masses paysannes ni même les artisans (il y<br /> avait encore fort peu d'ouvriers), aient accès à la culture et au scepticisme face à la religion, pour des raisons bassement utilitaires, et disons-le, pour éviter que "l'ordre social" tel<br /> qu'il le concevait, ne risque d'être  remis en question, à l'exception des privilèges de la Noblesse qu'il souhaitait voir supprimés, n'étant lui-même pas Noble. C'est regrettable,<br /> même si c'était avant la Révolution.<br /> <br /> Cependant, si son nom est resté illustre, ce n'est pas à cause de cela mais malgré cela: à cause des aspects positifs que j'ai mentionnés au début de mon commentaire.<br /> <br />  <br /> <br /> <br />
Répondre

Présentation

  • : Pour le Socialisme et l'Indépendance Nationale
  • : Vous voulez adhérer à notre organisation, nous poser des questions, nous donner des conseils pour l'amélioration du blog, faire connaissance autour d'un pot virtuel, nous insulter,...... Vous voulez nous aider à la rédaction d'articles ou vous avez des idées de sujets que nous pourrions aborder ? Alors n'hésitez pas à nous contacter à l'adresse suivante : socialismesouverainete@yahoo.fr
  • Contact

Recherche

Socialisme & Souveraineté

Rejoignez Socialisme&Souveraineté

socialismesouverainete@yahoo.fr

Avertissement

Socialisme et Souveraineté est une organisation créée le 11 Novembre 2009. Les articles publiés avant cette date sont conservés à titre d'archives, mais ne réflètent pas nécessairement la ligne du mouvement. Toute remarque courtoisement exposée sera bienvenue.

Joins la Dissidence !

Notre petit bonhomme de chemin

Wikio - Top des blogs - Politique