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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 14:10

 

Tribune libre de Pablito Waal :

 

Luc Le Vaillant est journaliste à Libération, et a exposé dans cet article une série de propositions "libertaires" (http://www.liberation.fr/societe/01012300227-eloge-du-laxisme)  qui selon lui, permettraient de réduire l’insécurité par des moyens strictement opposés aux politiques « sécuritaires ». On pourrait penser que les idées de Mr. Le Vaillant ne sont que « philosophiques », qu’il ne faut pas les prendre au premier degré… On aimerait, mais rien n’indique un quelconque « second degré » dans les cinq « pistes » que l’auteur propose, en tant que sujets de « réflexion ». Donc pas un programme abouti, certes. Mais qui rejoint une partie des propos que la gauche « libertaire » reprend régulièrement lorsqu’il est question de sécurité.

       Sur ce, il est important de critiquer ces « réflexions », pour la plupart inconséquentes. Et surtout de rappeler que Socialisme & Souveraineté a publié un numéro spécial sur l’insécurité en Octobre.

 

Commentons les idées de Le Vaillant :

 

« 1. Fermer les prisons. Répétons que la prison est l’école du crime. Et que l’instauration d’établissements fermés pour jeunes délinquants revient à ouvrir des centres d’apprentissage en grande truanderie. Le port des bracelets doit être généralisé et les courtes peines bénéficier systématiquement de procédures de substitution. C’est la promiscuité inhérente aux établissements pénitentiaires qui fait office de bouillon de culture. Individualiser la sanction et consigner à domicile permettraient d’éviter la transmission des savoirs délinquants. »

 

La réflexion s’ouvre sur un sophisme : la prison, telle qu’elle est aujourd’hui en France, (nuance oubliée par l’auteur), est une école du crime. Mais nullement la seule. Donc, quand bien même la prison n’existerait pas, l’insécurité existerait quand même. Et sans doute davantage. Car ce n’est pas parce qu’il existe un effet amplificateur du crime en prison (« école du crime ») qu’il n’y a pas également un effet anti-crime (la peur de la prison pour les délinquants potentiels, que Mr. Le Vaillant semble oublier, et sans laquelle le niveau de délinquance serait sans doute beaucoup plus élevé). Qu’on fasse sortir de prison un nombre conséquent de gens que l’on peut traiter par des travaux d’intérêts général et des bracelets électroniques, c’est une chose. Mais en revanche, Le Vaillant oublie que des milliers de condamnations carcérales ne sont pas effectuées (voir le N°2 de Socialisme & Souveraineté).

 

« 2. Ouvrir des hôpitaux psychiatriques.Il y aurait les brigands et les fous, les canailles et les dingues. Le distinguo n’est pas toujours criant mais la part des choses peut être faite. Une bonne partie de la population pénitentiaire relève de la psychiatrie. Détruisons les centres de détention, ouvrons des unités de soins. Qui, souvent, sont des lieux fermés. Devant les drames que peuvent créer les récidives pulsionnelles, il faut rappeler deux choses difficiles à entendre par les victimes et leurs familles. Une fois sa peine effectuée, le condamné a payé sa dette et ne peut être chimiquement dégradé contre son gré. Imposer des camisoles éternelles disqualifie toute la philosophie sanction-réparation-réinsertion à l’œuvre depuis 1945. Autre chose plus fondamentale et encore moins audible : vivre suppose une part de risque infragmentable, que Big Brother jamais n’éradiquera. »

 

Le Vaillant joue totalement sur les mots : il parle d’hôpitaux psychiatriques, avant de préciser qu’ils sont fermés ensuite. Avec soins psychiatriques ou pas, cela s’appelle quand même une prison. La nécessité de prise en charge psychologique dans beaucoup de cas est évidente, en oubliant le risque d’une sur-psychiatrisation : Luc Le Vaillant sait-il que des gens ont pu être détruits d’avoir été considérés comme des « cas psychiatriques » et traités à coup de médicaments, alors qu’ils étaient sains ?

 

« 3. Nationaliser la distribution des drogues, étatiser la prostitution. Comme la prison, la prohibition déclenche des délits. Créer une régie des drogues comme il existe une régie des tabacs aurait bien des avantages. Garantie de la qualité des produits, perception de taxes, blanchiment d’une économie noire dans les quartiers, évolution des relations géopolitiques avec les pays producteurs (lire Libération du 16 décembre 2009). Idem pour la prostitution. Seul l’Etat est capable de garantir le volontariat des travailleurs du sexe, de couper l’herbe sous le pied des trafiquants d’êtres humains et de pourvoir aux besoins sexuels des hommes et des femmes afin de limiter les frustrations pathogènes. »

 

Il n’y a pas de position arrêtée sur la légalisation des drogues dans Socialisme & Souveraineté. La nationalisation de la production et du commerce des drogues aurait sans doute un attrait, mais aurait un coût net important. En effet, pour que les fournisseurs de drogues cessent d’alimenter des dealers, il faudrait que l’Etat leur propose un prix supérieur aux autres distributeurs. Et pour que les consommateurs se fournissent auprès de l’Etat (ce qui permettrait de les suivre médicalement), il faudrait que l’Etat vende au prix les plus bas du marché. Donc l’Etat perdra de l’argent dans ce commerce. Ceci dit, vu le coût humain de la drogue, cette politique peut être envisagée. Mais pour la prostitution, les idées de Le Vaillant sont peu crédibles. Pour étatiser la prostitution, il faudrait que l’Etat demande aux maquereaux de bien vouloir cesser gentiment leur commerce et de déclarer leurs travailleuses comme fonctionnaires. Les maquereaux refuseront, et les travailleuses, si on arrivait à les libérer des réseaux, choisiraient certainement de ne plus exercer dans la majorité des cas (il existe bien une minorité de prostituées « volontaires », mais ce n’est pas le cas des esclaves des réseaux). Il faudra donc pourchasser les proxénètes, et on retombera dans les travers habituels de la répression de la prostitution : la prostitution existera toujours, mais toujours plus dans l’ombre, hors de portée de toute surveillance sociale et associative.

 

« 4. Disséminer l’habitat social. Il s’agit d’en passer par un volontarisme immobilier et de proposer des logements à prix cassé aux résidents des quartiers afin de vider ces poches de pauvreté. Au-delà de l’excellente loi SRU, il revient à l’Etat de disséminer des habitats sociaux adéquats sur le territoire pour en finir avec le communautarisme de relégation. Les promoteurs seront tenus de mettre à disposition du logement social un faible pourcentage de leurs mètres carrés nouvellement construits. Pour l’ancien, la réquisition pourra s’exercer dans la même proportion. Cette politique a un coût certain et demande du temps. Mais elle peut aussi s’imposer en relais de croissance pour les entreprises du BTP (bâtiment et travaux publics). »

 

Défaire les quartiers-ghettos et disperser de leurs habitants sur le territoire étant une des propositions de Socialisme & Souveraineté dans son dernier numéro, nous sommes sur ce point globalement en accord avec Le Vaillant.

 

« 5. Repenser le monde de l’après-travail. Il n’est pas avéré que l’oisiveté est la mère de tous les vices. Et je plaiderai volontiers pour le droit à la paresse. Mais dans notre société, l’activité reste un mode d’insertion majeur. Ennui, l’Occident repu, qui continue à faire flamber son PNB malgré les crises, est entré dans le monde de l’après-travail. Délocalisations, robotisations, etc. Si l’on veut éviter que prolifèrent frustrations, transgressions et appropriations interdites, il faut accélérer le partage du travail initié par les 35 heures et garantir des revenus d’existence à chacun. Sans cela, la machine infernale s’emballera. Déclassements, délits, répressions s’enchaîneront mécaniquement et feront monter les peurs, les angoisses et l’assujettissement à la logique policière. D’où l’intérêt de revendiquer un laxisme ailé. »

 

On ne peut créer davantage d’activité, il faut donc la partager, puisque de toute façon les robots et les chinois travailleront bientôt à notre place, etc… L’économisme du gauchiste analphabète de base. On a bien du mal à expliquer alors que des pays aient un taux d’emploi plus élevé que le nôtre avec un temps de travail individuel supérieur à ce qu’il est en France et une productivité horaire comparable, comme c’est le cas aux USA. Ce que propose Le Vaillant, ce n’est pas tout à fait le modèle que Socialisme & Souveraineté prône. Sans bien sûr condamner le partage du temps de travail, c’est dans un système promouvant à la fois la redistribution juste des revenus mais aussi la liberté d’entreprendre et permettant de créer de nouvelles activités que nous mettons notre confiance.

 

Confiance que nous ne pouvons encore accorder aux "libertaires" pour ce qui est de la sécurité...

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