Certainement plus inquiétant que la grippe aviaire, en tout cas pour moi, la schizophrénie aigue.
Dernièrement, je lisais un roman policier : "Les Rivières pourpres" de Jean-Christophe Grangé.
Disons-le clairement, cet auteur est un c** largement surcoté, toujours bien au chaud dans l'idéologie dominante (avec un fort anticommunisme non dissimulé dans certains de ses bouquins), bref un bon "chien de garde" du Système comme tout écrivain à succès qui se respecte, et en allant plus loin comme l'ensemble des intellectuels contemporains qui n'ont plus rien à voir avec les intellectuels de jadis qui étaient davantage conscients du rôle de "dissidence" et de "résistance" qui leur incombait ("L'écrivain ne peut se mettre au service de ceux qui font l'histoire : il est au service de ceux qui la subissent. Notre seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire" Albert Camus).
Mais qu'importe, ce n'est pas cela que je voulais évoquer mais tout simplement une scène du livre "Les Rivières Pourpres" dans laquelle le policier enquête sur le passé et la personnalité de la victime d'un crime en interrogant un médecin militaire qui l'a réformé pour schizophrénie aigue (pour l'anecdote, la victime du crime a en réalité subi une vengeance après avoir mis au point un procédé visant à créer des êtres supérieurs, à la fois forts physiquement et supérieurs intellectuellement). Voici l'extrait en question :
-Le médecin militaire : "Quel est le nom de l'appelé ?
-Le policier : Caillois Rémy. Vous l'avez réformé P4, il y a 5 ans. Schizoprénie aigue. Y a-t-il une chance pour que vous vous en souveniez ?
-Le médecin militaire : Je m'en souviens. Un malade. Un dément. Sans aucun doute possible.
-Le policier : Il ne simulait pas ?
-Le médecin militaire : Non. Je vois toute l'année des simulateurs. Les sains d'esprit ont beaucoup plus d'imagination que les vrais déments. Ils disent n'importe quoi, inventent des délires incroyables. Les véritables malades sont aisément repérables. Ils sont rivés à leur folie. Obsédés, rongés par elle. Meme la démence a sa logique......rationnelle.
-Le policier : Quels étaient les signes de sa folie ?
-Le médecin militaire : Ambivalence de pensées. Perte de contact avec le monde extérieur. Mutisme. Les symptomes classiques pour une schizophrénie. Le cas était intéressant.
-Le policier : Intéressant, j'ai bien entendu ?
-Le médecin militaire : Ce type vivait dans un monde cloisonné, un monde de rigueur extrême, où sa propre personnalité se multipliait. Il simulait sans doute une certaine souplesse, aux yeux des autres, mais il était littéralement obsédé par l'ordre, par la précision. Chacun de ses sentiments se cristallisait en une figure concrète, une personnalité à part. Il était une armée à lui tout seul. C'était un cas fascinant.
-Le policier : Etait-il dangereux ?
-Le médecin militaire : Sans aucun doute
-Le policier : Et vous l'avez laissé repartir ?
-Le médecin militaire : Vous savez, les fous en liberté....
-Le policier : Docteur, cet homme était marié !
-Le médecin militaire : Eh bien...je plains son épouse"
Je me reconnais vachement dans la description des symptomes de la "maladie" matérialisés par les passages en gras. C'est amusant.